Des accusations au sein de la communauté Sivananda

Le quotidien canadien Le Devoir a révélé plusieurs témoignages qui font état d’agressions et de harcèlements sexuels commis par des dirigeants de l’une des organisations de yoga les plus connues d’Occident, le Sivananda yoga.

Les accusations portent sur deux périodes différentes. Des victimes affirment avoir été agressées sexuellement par le fondateur du Sivananda yoga, Swami Vishnudevananda, avant son décès en 1993. D’autres accusations visent Thamatam Reddy connu sous le nom spirituel de Prahlada, le directeur actuel (ndlr : qui vient d’être récemment suspendu de ses fonctions) des centres Sivananda au Canada, en Inde et en Thaïlande. Les faits ont pour la plupart eu lieu dans l’ashram canadien de Val-Morin , qui sert de base internationale à l’organisation. Ce lieu accueille de nombreux visiteurs et forme des professeurs de yoga Sivananda. Swami Vishnudevananda a fondé un véritable empire du yoga avec plus de 40 centres et 50 000 professeurs dans le monde.

En décembre 2019, Julia Salter ancienne assistante personnelle de Swami Vishnudevananda à Val-Morin, a révélé sur sa page Facebook avoir été agressée à de nombreuses reprises par le leader. Amplement relayé, ce témoignage a permis à d’autres femmes de témoigner des abus subis. Certaines racontent notamment des faits d’attouchements et d’abus sexuels commis par Prahlada. Le Devoir qui a mené l’enquête et recueilli certains témoignages1 a sollicité plusieurs fois Prahlada et la direction de l’organisation mais personne n’a souhaité lui répondre.

Ces accusations ont contraint le groupe à ouvrir une enquête interne. C’est une avocate spécialisée en harcèlement sexuel qui est chargée d’investiguer sur les accusations portées par les victimes. Elle va aussi analyser la politique et les procédures du groupe à l’égard de ces agressions afin d’effectuer des recommandations sur les éléments pouvant être modifiés.

Doutant de l’impartialité de cette enquête mandatée par l’organisation, plusieurs professeurs de yoga et des membres de la communauté ont décidé de financer une contre-enquête. Elle aura pour but d’explorer d’autres formes d’abus commis au sein du groupe et le fonctionnement de l’organisation. Elle étudiera aussi les cas d’abus pouvant être perpétrés dans des strates inférieures de l’organisation. En marge de cette décision, une pétition réclame la démission de l’intégralité des membres du conseils d’administration. Le Devoir rapporte que les victimes devraient participer à cette contre-enquête plutôt qu’à celle initiée par le mouvement.

Pour les partisans de cette contreexpertise, l’organisation n’apporte pas une réponse adéquate aux problèmes. Selon un sondage interne, la grande majorité des membres interrogés souhaitaient une enquête indépendante ainsi que la suppression des portraits, des chants et prières en l’honneur de Swami Vishnudevananda.

Pour Anne Michaud, cofondatrice du Mouvement contre le viol et du Regroupement des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), cette nouvelle affaire remet en question le modèle hiérarchique imposé par le yoga. « C’est tout le système religieux et patriarcal de contrôle qui est en train de s’effondrer dans la foulée du mouvement #Metoo » poursuit-elle.

(Sources : Le Devoir, 26.02.2020 & 27.02.2020)

 

  • Auteur : Unadfi