Aujourd’hui éclate dans les médias le scandale des suicides de plusieurs anciens élèves du cours Agnès de Langeac et celui de quatre ex-membres de la Communauté des Béatitudes de Bonnecombe (Aveyron), rejetés parce qu’ils ont osé parler et inciter l’un des frères, mis depuis en examen pour pédophilie, à se dénoncer. Ils ne faisaient là que leur devoir civique et moral, comme l’UNADFI et les ADFI l’avaient fait lors des signalements au procureur de la république d’Epinal.
Quinze plaintes contre l’ancien religieux
Un membre des Béatitudes, Pierre-Etienne A. âgé de 57 ans, a été mis en examen en février 2008. Il reconnaît des attouchements sur pas moins d’une cinquantaine d’enfants de 5 à 14 ans, entre 1985 et 2000.
Relevé de ses vœux à sa demande et contre l’avis de ses supérieurs, cet ancien frère a déclaré regretter que la justice ne se soit pas saisie de son dossier plus tôt. En effet, en 2001, une première plainte avait été déposée au tribunal d’Avranches (Manche) mais la juge s’était alors déclarée « incompétente ».
Courant mai 2008, on apprenait que policiers et gendarmes avaient déjà dressé une longue liste de victimes : sur les 61 dossiers, 15 avaient décidé de porter plainte.
La communauté des Béatitudes et la hiérarchie de Pierre-Etienne A. étaient au courant de ses agissements depuis 1998 puisqu’ils avaient été informés par lettre. Pierre-Etienne s’était confié à Muriel, une jeune femme de la communauté qui avait alerté en vain sa hiérarchie. Pour finir, elle l’avait dénoncé à la justice.
Le 12 juin dernier, dans une dépêche de l’AFP, on apprenait que quatre personnes dont Muriel s’étaient vu signifier leur exclusion pour « non-communion avec la communauté » suite à leurs déclarations.
Toujours au mois de juin, la communauté des Béatitudes défraie à nouveau la chronique : plusieurs jeunes hommes, anciens élèves du cours privé Agnès de Langeac à Autrey (Vosges) qui appartient aux Béatitudes, auraient mis fin à leurs jours.
Un ancien élève, Nicolas L. témoigne et se souvient « des mauvais traitements » infligés aux enfants. Le soir, le responsable d’Autrey « invitait » des élèves à venir le masser nu dans sa chambre tandis que certains autres responsables avaient des relations sexuelles avec eux. Les parents meurtris d’un ancien élève, David D. qui s’est suicidé en 2005, envisagent de porter plainte.
Dans un communiqué de presse publié le 23 juin 2008, Les Béatitudes réfutent les accusations de mauvais traitements et d’abus sexuels dénoncés dans la presse par l’ancien élève. De leur côté, les évêques qui avaient reçu Nicolas affirment ne l’avoir jamais entendu « proférer de telles accusations ».
La communauté sous observation
A la suite de plaintes remontées jusqu’à Rome, le président du Conseil pontifical a « exhorté à la vigilance » les responsables de la Communauté des Béatitudes.
Le Conseil pontifical avait déjà précédemment écrit une lettre concernant « quatre points délicats ». Sans doute cette première lettre n’a-t-elle pas été suffisamment « entendue »…
En outre, il n’y a aucune trace des suicides évoqués dans la presse la semaine dernière. A Rome, on affirme « ignorer tout de cela et on s’étonne seulement, s’il y a des cas vraiment sérieux, que cela n’ait pas été traité au plan judiciaire ».
Aujourd’hui, alors qu’éclate le scandale du suicide d’anciens élèves du cours Agnès de Langeac, ainsi que celui de l’exclusion des quatre membres des Béatitudes qui avaient incité le « frère » pédophile à se dénoncer, l’UNADFI dans un communiqué, tenait à préciser que des signalements avaient été adressés par l’UNADFI et l’ADFI Paris au procureur de la République d’Epinal en novembre 2001. En décembre 2001 c’était au tour de l’ADFI Midi Pyrénées de saisir la justice.
Un article de Bulles paru en 2002 dans le n°74 rendait compte d’un nombre important de témoignages reçus depuis 1999 à l’UNADFI et dans certaines ADFI locales.
Sources : Le Parisien, Jean-Marc Ducos, 20.06.2008 / La Croix, 24.06.2008 / AFP, 12.06.2008