« Incognito », une journaliste a poussé la porte d’un des centres de la Scientologie dans une ville non précisée… Elle raconte avoir décidé de rentrer dans le jeu de la Scientologie et s’être retrouvée, finalement, « prise au piège ».
A peine entrée, elle est prise en main et se retrouve quelques minutes plus tard en train de visionner un DVD qui explique la théorie du fondateur de la Scientologie, Ron Hubbard. Dans la foulée, suivent une séance avec la « fameuse » machine censée mesurer ses émotions : « l’électromètre », puis un tête à tête avec un « auditeur » scientologue,
Sébastien, chargé de nettoyer les « engrammes » liés à des évènements traumatiques ancrés dans « son mental réactif ». Dans une pièce minuscule et surchauffée, Sébastien amène donc la jeune femme à revivre un souvenir très douloureux, l’incitant… dix sept fois à s’y replonger ! Elle obéit et à la fin de l’audition, elle ne ressent plus aucune
émotion. Le lendemain, la journaliste revient pour une nouvelle audition et revit cinq fois encore son « souvenir traumatique ». Toute émotion a disparue comme s’il s’agissait « de l’histoire d’une autre ».
Durant les trois semaines qui suivent cette dernière audition, la journaliste recevra une dizaine de messages de relance de Sébastien, messages de « plus en plus inquiets et pressants ». Mais elle n’y donnera pas suite.
Des spécialistes décryptent les mécanismes de cette expérience. Un psychanalyste, Jean-Pierre Winter, fait observer qu’à force de raconter un évènement, « sa charge émotionnelle se désactive puisqu’il devient un pur récit ». Mais il y a aussi un risque que cette émotion se reporte sur l’auditeur. L’étape suivante consiste à se retrouver en groupe : c’est sur lui que cette émotion prétendument disparue se reportera. « On est alors émotionnellement lié au groupe » après l’avoir été à l’auditeur.
Quant à Jean Cottraux, psychiatre cognitiviste, il constate que les auditeurs appliquent sauvagement et sans aucune précaution des thérapies cognitives. Il est en effet essentiel de commencer par « un entretien de diagnostic » pour s’assurer qu’il n’y a pas de troubles psychiques graves, ainsi que pour évaluer le niveau de « stress post-traumatique et de dépression ».
Enfin, un ancien adepte, Alain Stoffen, rappelle que les services gratuits ou très peu onéreux d’introduction à la Scientologie sont des produits d’appel et qu’ensuite, des cours et des formations de plus en plus chers sont proposés : c’est le prix à payer pour progresser dans la hiérarchie…
Source : www.psychologies.com, Sylvie Rollié, juillet-août 2010