«Le 21 décembre 2012, c’est la fin du monde, « le grand chaos » annoncé par le calendrier maya. Tous les éléments de la nature se déchaîneront et un astre géant percutera la terre provoquant un immense brasier…»
«Un véritable business»…
Cette prophétie qui fait le tour du net a déjà inspiré un film catastrophe (2012, de Roland Emmerich). Un « véritable engouement » pour cette prédiction s’est créé générant une vente massive non seulement d’ouvrages mais aussi de bunkers, de yourtes et de kits de survie. L’Apocalypse est ainsi devenue un « véritable business », une aubaine pour les gourous et les escrocs de tout poil.
Le phénomène «Bugarach»
En France, le maire de Bugarach, un village de 200 habitants dans l’Aude, « s’inquiète particulièrement de cette fin du monde » car« selon « les mages de la toile », sa commune sera… préservée. Cette grande nouvelle est loin de le réjouir car de « curieuses associations pour la paix, pour la marche dans les pas de Jésus ou pour la méditation cosmosidérale s’y sont installées ». Des processions silencieuses ont été organisées sur le pic de Bugarach et un homme « nu comme un ver » a été aperçu en haut du pic, implorant les étoiles. Certains illuminés affirment même que « du haut de ses 1231 mètres d’altitude », le pic serait « un garage à ovnis ».
Aux Etats-Unis, Bugarach est désormais célèbre et des Américains ont déjà pris leur billet pour être sur place le 21 décembre 2012. En conséquence, le maire a averti la gendarmerie et la Miviludes.
Bugarach est désormais sous surveillance.
En France et partout dans le monde, les structures gouvernementales sont en alerte
Dans la perspective du 21 décembre 2012, la Miviludes remettra en avril prochain un rapport au premier ministre sur la trentaine de mouvements apocalyptiques recensés en France. Le président, Georges Fenech, rappelle que « ce genre de croyance pouvait mener à des tragédies », faisant ainsi référence à la secte du Temple du Peuple au Guyana qui avait entraîné la mort de 914 membres. Il tempère néanmoins : « il n’y a pas lieu de paniquer mais d’exercer une vigilance. »
« Partout dans le monde », les structures gouvernementales sont en alerte et des mouvements ont d’ores et déjà été neutralisés. En Russie, des internautes ont vu dans les terribles incendies de l’été dernier « le signe annonciateur de la fin du monde ». En Australie, un gourou, frère Rock alias Rocco Leo, a réussi à persuader soixante adeptes de financer l’achat d’une île dans le Pacifique « pour échapper à l’apocalypse »…
Des groupes de « survivants » se formeraient à travers la planète, amassant des provisions. Des hommes d’affaires en profitent pour tirer leur épingle du jeu, vendant des abris souterrains. L’un d’eux en Belgique, Patrick Géryl, propose des bunkers dans le sud de l’Afrique. Pour une représentante du Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN), le « vrai risque » se passera après la date fatidique du 21 décembre 2012 « quand tous ceux qui auront payé une fortune découvriront un monde inchangé ». Ils risquent « de plonger dans de graves dépressions ».
Les prédictions de catastrophes répondent à des angoisses bien réelles. Le « le scénario avancé pour 2012 répond à la peur du dérèglement climatique » relève l’historien Luc Mary. Une analyse que partage la présidente de l’UNADFI, Catherine Picard qui note que « toutes les données écologiques sont brassées sur le Net, comme la fin du pétrole, le signe d’une ère nouvelle ». « Toutes les peurs liées à l’avenir » sont ainsi explorées, ajoute-t-elle. Enfin, poursuit-elle, à cela se greffe un important courant « qui remet en cause la légitimité des soins et la parole du scientifique ». Aussi, quand la Nasa, qui dès 2009 tente de calmer les esprits, assure qu’il n’y aura pas de fin du monde, « on crie au complot ! »
Survie en prévision de l’apocalypse
Pour survivre à la date fatidique du 21 décembre 2012, Chuck Izzo, un américain de Virginie a amassé des réserves pour… deux mois dans le sous-sol de sa maison.
Il fait partie des « Preppers » (« ceux qui se préparent »), un mouvement en pleine expansion. Les adeptes se préparent « arme au poing » à la fin d’un monde provoquée soit par une catastrophe naturelle, une attaque terroriste ou une faillite du système économique ! Bien avant les Preppers, ceux que l’on appelle « les Survivalists » ont déjà prospéré « sur cette peur ».
Une société américaine, Vivos, a su, comme en Belgique, exploiter la peur et la naïveté de ses concitoyens en proposant la construction de bunkers d’ici la fin 2011. Le plus vaste pourra accueillir 900 personnes pour la « modique » somme de 50.000 dollars soit 38.000 euros environ. Vivos assure avoir déjà reçu 7.000 candidatures.
Source : VSD.fr, Tiphaine Thuillier, 29.12.2010