À Soweto, Thandeka Moganetsi, 15 ans, et Chwayita Rathazwayo, 16 ans ont été poignardées, le 18 février 2014, par deux élèves de leur classe adeptes du satanisme. Le lendemain, Thiko et Tumelo ont été arrêtés et placés en détention à Krugersdorp, à l’ouest de Johannesburg. La police a retrouvé une bible satanique sous le matelas de Thiko. Ce double meurtre semble témoigner de la propagation du satanisme chez les adolescents.
Les deux garçons ont relaté, sans émotion apparente, les évènements de cette dramatique journée : « à l’école, on était les chefs du satanisme, raconte Thiko. Thandeka et Chwayita voulaient être initiées ». Après la classe, les quatre jeunes se sont retrouvés sur un terrain vague. « On a placé des bougies rouges et noires en triangle sur le sol et les filles se sont entaillé les bras. Avec leur sang, elles devaient signer un pacte avec Satan. Mais Chwayita a eu peur et elle a refusé. Alors, on s’est fâché. Après, on ne se souvient plus. Nous étions possédés par le diable. Quand on a repris nos esprits, il y avait du sang partout. On a été pris de panique. On a brûlé nos t-shirts et on est rentré chez nous. Je me sentais comme un démon. »
Après les États-Unis, l’Afrique du Sud est le pays où le satanisme fait le plus de ravages. Le satanisme s’est d’abord propagé dans les années 1980 chez les Afrikaners, désorientés par la fin de l’apartheid. Après une période d’accalmie, il se répand à nouveau. C’est avant tout une pratique d’adolescents qui font l’amalgame entre satanisme et Illuminati, dont les symboles sont repris dans des clips qui font fureur chez ces adolescents. Thandeka, l’une des victimes, en portait un.
L’inspecteur de police Hennie de Jager a enregistré 48 cas de satanisme en trois mois à Johannesburg et Pretoria, des cas sordides qui font la une des médias. Comme la mort de Kirsty Theologo, 18 ans, brûlée vive en 2011 par six amis, au sud de Johannesburg. L’an dernier à Soweto, un jeune a tué quatre membres de sa famille.
Tumelo a découvert « Seth » (Satan) lors d’un concert de musique. « On m’a dit qu’il donnait des pouvoirs et j’ai fait des recherches sur Internet ». C’est lui Tumelo qui a initié Thiko : « On fumait des joints, on lisait la bible satanique et on buvait du sang ». Ils ont sacrifiés des animaux. Ils racontent : « L’esprit nous parlait d’une voix grave. Il nous a même ordonné de tuer nos parents mais on a refusé.» Depuis le décès de son père, emporté par le sida en 2008, Thiko était dépressif ; il passait du mutisme aux accès de colère. Il est convaincu qu’il a des pouvoirs : « Rien qu’avec mon regard, je pouvais mettre le chaos dans ma classe ou provoquer un accident ».
Maintenant, il voudrait devenir un enfant de chœur pour pouvoir identifier les bons esprits.
Source : Le Temps, 18.03.2014