Le côté sombre du développement personnel

En plein boom, le développement personnel ne tient pas toujours ses belles promesses.


Au carrefour de la santé et de la spiritualité, le bien-être est partout, dans les journaux, à la télévision, sur internet, en librairie. Donner un sens à sa vie, être en quête du bonheur, « lâcher-prise », sont devenus les « mantras » de personnes soucieuses d’améliorer leur santé, d’échapper au stress, à la pression quotidienne. Les promesses et solutions miracles ne manquent pas : stages de développement personnel, de yoga, de médiation ont le vent en poupe. Cet engouement est bien visible, par exemple, dans les rues de la capitale qui regorge de salles de yoga, de centres de thérapie holistiques proposant des disciplines aux vertus innombrables ou encore des restaurants végans.

Cette aspiration au bonheur est bien plus qu’un phénomène de mode, elle touche désormais toutes les catégories sociales jusqu’au secteur du luxe qui propose à sa riche clientèle des séances de méditation, réflexologie, détox…

Profitant de la quête d’authenticité de personnes en recherche de repères, les gourous du bien-être ont compris l’intérêt financier de ce business en pleine croissance, à l’image de l’actrice Gwyneth Paltrow, fervente promotrice du New Age. À l’image des magazines féminins, son site propose des billets concernant tous les pans de la vie quotidienne (beauté, voyages, alimentation…). Son e-boutique regorge d’un bric-à-brac de produits, dont certains aux vertus fantaisistes comme des « jeux de cartes développant l’empathie » ou un spray à base d’huile essentielle « supposée protéger des attaques psychiques ». Bien que très populaire auprès de certains, son site est sujet à polémique. En septembre 2018, il a été condamné pour publicité mensongère à propos de la vente d’oeufs de jade, accessoire utilisé par voie vaginale, censé lutter contre les dérèglements hormonaux et la dépression. En 2017, la NASA avait vivement critiqué la vente de patchs corporels prétendument composés d’un matériau utilisé par l’agence spatiale américaine, dont l’effet serait de « réguler les fréquences énergétiques du corps ». Autre reproche la promotion sur le site d’Anthony William aussi appelé « Medical medium », un « gourou de l’auto guérison » qui promet de soigner entre autres la dépression, l’autisme ou la maladie de Lyme.

Rempli de belles promesses, le marché du bien-être est loin d’être exempt de dangers comme en témoignent les forums spécialisés sur internet qui regorgent de témoignages alarmistes. Serge Blisko, le président de la Miviludes « déplore les conséquences désastreuses des cours dispensés par des professeurs formés à la va-vite, désireux d’exercer une domination psychique, voire financière et sexuelle sur des patients en quête de repères ». Évoquant notamment la publication par l’UNADFI du dossier Méditation et Yoga , Catherine Picard, sa présidente, prévient : « ce sont des produits d’appel, des appâts servant à véhiculer diverses emprises. En se concentrant sur le corps, même en visant au mieux-être, on met le patient dans une position d’infériorité et de potentielle faiblesse. Elle ajoute : « dans une demande légitime à soulager le stress, tout n’est pas clairement à jeter, même si c’est très souvent fantaisiste ». Les atteintes peuvent être très graves. Régulièrement l’Unadfi reçoit des témoignages « faisant état d’atteintes sexuelles, notamment à travers l’apprentissage de yogas dits « tantriques », lors duquel le consentement est biaisé, et où, au fur et à mesure des cours, pointent des dérives insidieuses facilitées par l’effet de groupe et la fascination pour le maître ».

(Source : Le Nouvel Observateur, 18.01.2018)