Le yoga kundalini a trouvé un milieu propice à son développement : les studios branchés, le monde de la mode. Ce sujet devenu récurrent prend encore davantage son essor grâce aux réseaux sociaux comme Instagram. Présentée comme ancestrale, limite folklorique, cette pratique semble davantage s’inscrire dans la nébuleuse « mystico-new age ».
Cette pratique profite de l’engouement pour toutes les formes de yoga ; il y aurait en effet 300 millions de pratiquants dans le monde. L’Inde joue la carte touristique en proposant des « yoga retreats », les ashrams « jouant des coudes pour accueillir les Occidentaux par charters entiers ».
Il est vrai que les vertus attribuées au yoga kundalini sont séduisantes : stimulation des systèmes d’auto-guérison, élargissement de la conscience, sagesse intérieure…
Ce yoga a été inventé à la fin des années 1960 par le Yogi Bhajan. Il est associé à l’hyperventilation menant à un état modifié de conscience. Yogi Bhajan s’est fait connaître par ses programmes de désintoxication du corps et de l’esprit avant d’atteindre la célébrité grâce à ses prestigieuses fréquentations : stars hollywoodiennes et hommes politiques ont fait de cet ancien agent des douanes le « boss des mondes spirituels et capitalistes ». Il migre donc aux Etats-Unis pour y fonder le Sikh Dharma ou 3HO, pour le côté spirituel, et des entreprises, pour le côté capitaliste. Parmi ces entreprises, une maison d’édition d’ouvrages ésotériques (Golden Temple) ou la fabrication des tisanes Yogi Tea.
« Elle était bonne vivante, solaire. Elle est triste et maigre. Comme si elle était tombée dans une secte », s’inquiète une femme pour une amie. D’anciens adeptes racontent qu’ils étaient devenus des « hypocondriaques spirituels et physiques ». Le quotidien était régenté par le maître spirituel : « Marcher, parler, dormir, conduire, éduquer les enfants, se soigner et même les relations sexuelles qui devaient être pratiquées d’une certaine manière » à moins d’en subir les conséquences.
Les adeptes du yoga kundalini peuvent changer de nom de baptême, il leur arrive même de tourner le dos à leurs anciennes vies au point d’inquiéter leur entourage…
(Source : Julie Rambal, Le Temps, 19.06.2019)