Lithothérapie dans un hôpital pour enfants malades

Une travailleuse sociale a proposé des cristaux de lithothérapie à des enfants cancéreux dans un hôpital québécois ; elle a également bénéficié d’une bourse de l’hôpital pour rédiger un livre sur ce sujet, qui a ensuite été mis à disposition des patients.

Lynda Blanchette, travailleuse sociale aujourd’hui à la retraite, a distribué des « cristaux guérisseurs » à des enfants cancéreux du Montreal Children’s Hospital, un hôpital pour enfant. Ainsi, jusqu’à sa retraite en 2019, elle aurait graduellement mis en place, de sa propre initiative, un programme de lithothérapie au sein du département où elle exerçait.

Comme le rappelle l’ordre, la fonction d’un travailleur social est « d’évaluer le fonctionnement social d’un patient, élaborer un plan d’intervention et de s’assurer de sa mise en place ». Mme Blanchette était donc amenée à réaliser des rencontres d’intervention avec les familles des jeunes patients du département d’hémato-oncologie. Néanmoins, pendant ces rendez-vous, cette employée de l’équipe multidisciplinaire remettait des pierres « guérisseuses » aux enfants cancéreux ; elle estimait par exemple que l’aventurine permettait d’alléger les nausées secondaires à la chimiothérapie.

Mme Blanchette a également rédigé un livre de lithothérapie, Pierres d’Espoir, avec l’approbation de l’hôpital. Elle avait reçu une bourse de la Fondation du Children’s hospital pour ce projet. Les livres, aujourd’hui retirés, étaient mis à disposition des patients dans le département. L’hôpital aurait accepté cette initiative pour apporter du réconfort aux enfants, au même titre que d’autres pratiques déjà proposées, comme la zoothérapie ou la musicothérapie. Comme le personnel de l’hôpital l’a récemment découvert, ce livre, destiné aux enfants, relaie des informations fausses et dangereuses. Il y est notamment suggéré que les PSNC comme la lithothérapie pourraient être des alternatives aux traitements médicaux. Le Journal de Montréal révèle que Mme Blanchette fait partie de l’Institut Mandala du Bouddha de la Médecine, une organisation visant à faire la promotion de lithothérapie.

L’Ordre des travailleurs sociaux du Québec a ouvert une enquête sur la situation de Mme Blanchette. Elle risque des poursuites disciplinaires, pouvant aboutir à des sanctions telles qu’une amende ou une radiation. En effet, les pratiques des membres de cet Ordre doivent être fondées sur des théories reconnues scientifiquement, sans compter qu’ils ne sont pas formés pour se prononcer sur des problèmes de santé physiques. Comme le rappelle l’Ordre, s’il est important de tenir compte des croyances du patient, les travailleurs sociaux ne doivent jamais suggérer d’avoir recours à des pratiques fondées sur des théories non reconnues scientifiquement, comme l’astrologie ou la lithothérapie.

Après une enquête menée au sein du Children’s, le Journal de Montréal révèle également la présence de bracelets de lithothérapies, entre autres articles ésotériques, dans les boutiques-cadeaux de l’hôpital. Interrogé, l’hôpital assure qu’une vérification va être faite et précise : que « si les cristaux vendus par les commerçants sont présentés comme ayant des propriétés médicinales, nous allons demander leur retrait ». 

(Sources : Journal de Montréal, 14.12.2023, 15.12.2023, 18.12.2023, CTV News Montreal, 15.12.2023)

  • Auteur : Unadfi