En 2009, les pouvoirs publics français ont mis en place un groupe d’appui technique (GAT) dont la mission est de travailler sur les pratiques non conventionnelles à visées thérapeutiques (PNCAVT). Cette initiative fait suite entre autres aux préoccupations émises par la Mission interministérielle de vigilance et de luttes contre les dérives sectaires (Miviludes) dans son rapport de 2008.
_ Ce groupe d’appui se donne pour but principal d’informer la population sur ces pratiques. Il dresse un constat similaire à celui de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) qui, dès 2002, mettait en avant la nécessité de s’intéresser aux médecines non conventionnelles devant leur développement croissant.
Définitions
L’OMS définit la médecine non conventionnelle ainsi : « ensemble de pratique de santé qui ne font pas partie de la tradition du pays même ou ne sont pas intégrées à son système de santé dominant. »
_ Pour le parlement européen, il s’agit de « toutes les pratiques thérapeutiques non fondées sur les données actuelles de la connaissance scientifique et/ou sur des travaux de méthodologie rigoureuse et contrôlée, effectués par des expérimentateurs indépendants de tout intérêt lucratif quelconque ».[1]
_ Il n’existe pas à ce jour en France de liste exhaustive les regroupant.
Critères
Selon le GAT, les pratiques non conventionnelles s’appuient sur des caractéristiques communes qui permettent de les reconnaître :
- Elles s’apprennent en dehors de la formation initiale du professionnel de santé. Ces formations délivrent de ce fait des diplômes non reconnus par l’Etat,
- Elles ne sont pas prises en charge par l’Assurance maladie,
- Elles ne font pas l’objet d’études cliniques rigoureuses.
L’OMS souligne quant à elle l’approche particulière qu’ont leurs praticiens vis-à-vis de :
- l’humain et de son équilibre interne : capacités d’auto-guérison du corps humain, rééquilibre de sa « force vitale », approche « holistique » de la personne,
- la médecine classique en prétendant agir sur la cause profonde des dérèglements et « pas seulement sur les symptômes qui en résultent ».[
2]
En chiffre
Selon les études, le pourcentage de la population ayant recours à ces pratiques varie énormément. En France, entre 49 et 75% de la population a eu recours au moins une fois à une pratique non conventionnelle en 2001 contre 39% en 2007[3].
24% des Français seraient prêts ou plutôt prêts à remplacer leur médecin généraliste par un praticien de médecine douce tandis que 6% l’ont déjà fait[4].
Bien que le nombre de pratiques de soins non conventionnels soit encore difficile à définir, il en existerait environ 200.
Enjeux financiers
En France, les dépenses pour les PNCAVT croissent indubitablement bien qu’elles incombent en totalité aux patients. Nombreux sont ceux qui semblent prêts à y consacrer d’importantes sommes d’argent.
Parallèlement, un autre marché prolifère malgré les coûts exorbitants : celui de la formation à ces pratiques. On assiste également à une structuration de certaines de ces filières.
Cet engouement pour ce secteur d’activité lucratif n’a pas échappé à l’Agence pour la Création d’Entreprise qui publie régulièrement, depuis quelques années, des fiches professionnelles sur la création d’activités dans le secteur des « médecines douces », du bien-être, de la relaxation.
Il faut également signaler que de nombreux particuliers s’installent dans le cadre de l’auto-entreprenariat pour exercer ces pratiques : réflexologues, sophrologues, naturopathes, ostéopathes, art thérapeutes, masseurs de bien-être, etc. qui peuvent ainsi créer une entreprise individuelle libérale relevant, sur le plan fiscal, de la micro-entreprise.
Pour conclure, il faut rappeler que, s’agissant des PNCAVT, la Miviludes précise qu’il faut « mieux prévenir et informer nos concitoyens sur les pratiques pseudo-thérapeutiques porteuses de dérives sectaires.»[5]
[1] Kahn, 2004
[2] Derey 2003
[3] Sondage de l’Institut Français d’Opinion Public (IFOP, 2007)
[4] idem
[5] Miviludes, Rapport au Premier ministre, 2009.