Voulant croire que l’autisme peut être guéri, des parents d’enfants souffrant de ce trouble sont attirés par des promesses pseudo-scientifiques. Un certain nombre d’entre eux tombent dans le piège tendu sur Internet par des pseudo-thérapeutes ou des mouvements sectaires. Agissant comme une secte 2.0, ceux-ci peuvent opérer à une grande échelle profitant de la vulnérabilité de ces parents pour les mettre sous emprise.
Ces organisations sectaires commencent par faire admettre l’idée que la médecine n’est pas fiable, que les pharmaciens sont des assassins et que cet état de fait est le résultat d’un grand complot. Elles font passer leurs messages dans les groupes fermés de réseaux sociaux comme Facebook ou WhatsApp. Elles décrivent aux parents (principalement les mères) les étapes à suivre pour « récupérer » leurs enfants. Les parents y font le jeu de ces mouvements sectaires en échangeant sur leurs expériences, en dénigrant la médecine conventionnelle et en sollicitant l’avis des pseudo-thérapeutes.
Le portoricain Gregorio J. Placeres qui promeut l’utilisation du chlorite de sodium, une méthode non éprouvée scientifiquement, est l’un d’eux. Grâce au groupe Facebook qu’il dirige, il est parvenu à atteindre près de 10.000 parents qui, convaincus par les promesses de ce prétendu chimiste, font aveuglément confiance à ses recommandations.
Si ces parents adhèrent aux propositions charlatanesques c’est qu’ils estiment n’avoir rien à perdre et même lorsque des éléments leur démontrent qu’ils se sont fait piéger, ils refusent de reconnaître s’être trompés parce qu’ils ont déjà investi du temps et de l’argent.
Consciente de la douleur de ces parents, María José la neuropédiatre Mas explique que ceux qui tombent dans les sirènes des guérisseurs ne sont pas à blâmer : « Lorsque je confirme un diagnostic d’autisme, je dis toujours la même chose aux parents : rentrez chez vous et cassez de la vaisselle mais demain, commencez à vous battre car vous démarrez une nouvelle vie, différente de celle que vous aviez imaginée avec votre enfant ». Être honnête, c’est annoncer à ces parents qu’actuellement, la médecine n’a pas de solution.
Mais s’échapper de la secte 2.0 est difficile. « Ceux qui ont souhaité se retirer de ces réseaux ont reçu des menaces », a expliqué Carmen Molina, coordinatrice du Comité pour la promotion et le soutien des femmes autistes (CEPAMA) .
(Source : El Periodico, 28.10.2018)