À Montréal, le directeur d’un centre spirituel a distribué de l’ayahuasca lors de cérémonies tenues secrètes. L’ayahuasca est interdit au Canada mais malgré cette interdiction, des établissements plus ou moins souterrains offrent à la consommation un éventail d’hallucinogènes, la plupart du temps, sans assistance médicale.
Nicolas Brazeau, étudiant en anthropologie, a rencontré ce directeur qui a affirmé avoir gagné beaucoup d’argent avec ses rituels (400$ par personne et par semaine). Il a précisé en avoir perdu aussi beaucoup : « le thé [hallucinogène] est très cher. C’est deux à trois mille dollars par commande et des fois, j’en perds à la frontière quand c’est saisi ». Il admet avoir mis de l’argent de côté pour se payer des formations et un avocat au cas où il y aurait « des conséquences légales ».
L’anthropologue a également rencontré des utilisateurs. Ils ont confié avoir tenté l’expérience pour « guérir des blessures » ou comme « solution thérapeutique, là où la médecine échoue ».
La consommation de ces hallucinogènes semble se généraliser. Sur le web certains proposent des champignons « magiques » ou du LSD pour soigner les fortes migraines. D’autres vendent des cures de désintoxication à l’ibogaïne, substance interdite aux États-Unis mais pas au Mexique ni au Canada.
Selon Jean-Sébastien Fallu, professeur à l’Université de Montréal, « avant de proposer une drogue comme médicament, il faut en évaluer la toxicité, s’assurer que les effets positifs ne sont pas annulés par les effets négatifs ».
L’ibogaïne pouvant, à fortes doses, favoriser des troubles du rythme cardiaque, a déjà tué plusieurs personnes.
(Source : La Presse, Marie-Claude Malboeuf, 13.04.2015)