
Le mouvement Freebirth, qui prône l’accouchement sans encadrement médical, est aujourd’hui au cœur d’une vive controverse en Australie. Plusieurs décès de nouveau-nés et de mères liés, à ces pratiques, ont mis en lumière les dérives d’une communauté qui se voulait émancipatrice.
Angela Gallo, ancienne figure de proue des naissances alternatives, tire désormais la sonnette d’alarme. À la tête du programme « Dynamo Doulas », elle a vu une partie de ses élèves se détourner du cadre initial pour adopter des pratiques extrêmes, opérant sans formation ni régulation. Ces « gardiennes de naissance souveraines », très actives sur les réseaux sociaux, ont contribué à la diffusion d’un discours radicalement anti-médical. Après avoir été contactée par la police à la suite de plusieurs décès, Angela Gallo a mis fin à ses activités.
Le récit de Lucy, une mère australienne, illustre la dérive. Séduite par la promesse d’un accouchement « libérateur », elle a suivi les conseils d’une doula non diplômée. Face à des signes de complication, son inquiétude a été ignorée. Son transfert à l’hôpital a permis de sauver son bébé, mais elle a été exclue du groupe de soutien pour avoir transgressé la règle implicite : ne jamais faire appel au système médical. « C’était une secte », résume-t-elle aujourd’hui.
Au total, sept bébés et une mère sont décédés en 18 mois dans le sud-est du Queensland et le nord de la Nouvelle-Galles du Sud. Certaines doulas ont été inculpées d’homicide involontaire, et une enquête parlementaire est en cours sur les méthodes d’influence psychologique employées dans ces groupes.
Face à l’urgence, les autorités ont amorcé des réformes : amélioration de l’accompagnement à la naissance, accès élargi aux soins à domicile encadrés et prise en compte des traumas obstétricaux. Pour Angela Gallo, la solution ne réside pas dans la répression, mais dans l’écoute et la réforme. « Les extrêmes naissent dans les vides laissés par un système défaillant », avertit-elle.
(Source : Australian Broadcasting Corporation, 13.06.2025)
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