
L’élection de Donald Trump, en 2024, a marqué une inflexion majeure de la politique américaine. Au cœur de son idéologie, la religion, notamment apocalyptique et millénariste, structure aujourd’hui l’action présidentielle. « Project 2025 » est soutenu par une base fondamentaliste en quête d’un âge d’or messianique.
Depuis la fin de la campagne présidentielle, Trump se présente comme un « élu de Dieu », un messie chargé de restaurer l’Amérique. Ses discours s’inspirent ouvertement de l’Apocalypse de Jean et ses adversaires sont diabolisés, à commencer par Kamala Harris, comparée à la Grande Prostituée de Babylone. Cette vision religieuse s’est traduite en actes dès le début du mandat avec des mesures radicales et alignées sur le programme séculaire des évangéliques et du nationalisme chrétien.
Ce nationalisme, selon l’historien Sébastien Fath, considère le christianisme comme le socle d’une nation forte. Cela se manifeste notamment par le retour d’un sionisme chrétien assumé (la première visite diplomatique de Trump fut pour Benjamin Netanyahou) et par une politique extérieure marquée par l’obsession de la « destinée manifeste », qui confère au peuple américain une mission divine.
Sur le plan intérieur, le démantèlement de l’État fédéral s’accélère. Elon Musk, à la tête du DOGE (Département of Government Efficacity), a engagé une purge massive de la fonction publique. Cette politique vise explicitement à détruire l’héritage du New Deal, honni depuis longtemps par les évangéliques pour qui l’État ne doit pas intervenir dans le bien-être des individus.
L’éducation et la science sont elles aussi dans le viseur. Les universités, accusées de wokisme et d’antipatriotisme, voient fondre leur financement, tout comme les écoles publiques. Le but : remplacer une instruction publique jugée dévoyée par un enseignement religieux. Les sciences du climat, particulièrement visées, sont réduites au silence, dans la droite ligne du climato-scepticisme trumpien.
Création d’un Bureau de la foi
Symbole fort de cette révolution idéologique : la création du Bureau de la foi à la Maison Blanche, dirigé par la pasteure évangélique Paula White. Il distribue subventions et contrats aux institutions religieuses… Les services publics, eux, sont démantelés. Cet organe officiel introduit aussi une notion inquiétante, celle de la lutte contre les actes « antichrétiens », formule ambivalente qui flirte avec l’imaginaire de l’Apocalypse.
Le « fascisme de la fin des temps », concept proposé par Naomi Klein et Astra Taylor, évoque cette fusion entre l’attente d’un effondrement global par les ultra-riches et la vision eschatologique des évangéliques. Trump ne serait pas un simple populiste, mais le vecteur d’un projet théocratique à visée apocalyptique.
La victoire de Trump est donc, au fond, celle des évangéliques. Ils voient en lui l’instrument de la réalisation d’un projet vieux d’un siècle : instaurer un pouvoir chrétien, nationaliste, patriarcal, et autoritaire.
(Source : Le Media, 05.05.2025)
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