Bien que les adeptes des théories complotistes soient souvent présentés comment peu éduqués ou ayant des problèmes psychologiques, il semblerait que n’importe qui puisse se laisser convaincre par ces théories. En cause : notre cerveau qui aurait évolué pour pouvoir observer l’existence de potentiels complots.
Le psychologue Jan-Willem van Prooijen, chercheur à l’Université libre d’Amsterdam et auteur d’un livre sur la psychologie des théories conspirationnistes explique que, pour se protéger, l’Homo sapiens a développé une faculté à détecter les complots avant qu’ils ne se manifestent. La société a depuis évolué mais nos cerveaux n’auraient pas eu le temps d’évoluer. Si bien que face à une situation provoquant peur, anxiété, détresse ou incompréhension l’amygdale de notre cerveau s’active et cherche un sens, une explication. Cela nous oriente alors parfois vers des interprétations fausses et nous incite à la recherche de complots possibles. Quand le cerveau ne trouve pas clairement la cause de ce qui peut nous menacer il va alors préférer croire que la cause se révèle intentionnelle plutôt qu’accidentelle. Le hasard est alors laissé de côté.
La crise actuelle liée à l’épidémie de Covid-19 confirme ces prédispositions du cerveau. Face à la peur, les gens vont avoir tendance à surestimer les intentions hostiles d’autres groupes. Cela explique pourquoi les conspirationnistes défendent l’idée qu’un gouvernement mondial seraient derrière l’épidémie. Notre cerveau tente aussi de faire des liens pour comprendre une menace à laquelle il peut être confronté. Ce biais permet de comprendre les liens établis par différents groupes complotistes entre la 5G et la Covid-19.
Le fonctionnement de notre cerveau et ces différents biais montrent que n’importe qui est susceptible de se laisser piéger par des théories conspirationnistes quels que soient son niveau d’éducation et son état psychologique. Pour le chercheur Jonas Kaplan, il faut accepter ce fonctionnement et tenter de comprendre les motivations de nos croyances. Il rappelle le rôle important de la science pour atténuer les effets de nos biais sur notre vision du monde.
(Source : Radio Canada, 10.01.2021)
