Un suicide collectif sur fond de complotisme?

Quatre français membres de la même famille sont morts après avoir sauté du balcon de leur domicile à Montreux. La police suisse s’oriente vers la thèse d’un suicide collectif avec en toile de fond un intérêt important de la famille pour les thèses complotistes et survivalistes.

Dans un communiqué, les autorités ont souligné que la famille manifestait depuis le début de la pandémie un intérêt pour les thèses complotistes et survivalistes. Les victimes avaient des pièces remplies de vivres, de médicaments et de packs d’eau. Les différents articles parus sur cette affaire ont permis de mettre à jour le profil des membres de la famille. On apprend que le matin du passage à l’acte, les gendarmes sont venus sonner car le père ne répondait pas aux sollicitations concernant la scolarisation à domicile de son fils de 15 ans. Personne n’a répondu mais il est possible que cette visite ait conduit à la décision de sauter. Les différentes recherches montrent que les adultes possédaient par ailleurs une situation stable.

Pour l’instant, les investigations n’ont pas démontré de liens avec une éventuelle mouvance sectaire. C’est dans cette région de Suisse romande qu’avait eu lieu le suicide collectif des membres de l’Ordre du temple solaire (OTS) dans les années 1990. Un potentiel lien avec l’OTS est minimisé par Manéli Farahmand, directrice du Centre intercantonal d’information sur les croyances de Genève (CIC) qui n’a pas constaté de développement particulier de tendances néo-templières dans la région. Pour Danièle Muller-Tulli, présidente de l’Association suisse pour la défense de la famille et de l’individu et présidente de la Fédération européenne des centres de recherche et d’information sur le sectarisme (FECRIS) le complotisme dont parle la police peut s’apparenter à une dérive sectaire sur le fait qu’il pousse les individus à être en rupture avec la société. Il peut amener à effectuer des actes dangereux.  Selon Manéli Farahmand, le complotisme et le repli de la famille sur elle-même avec peu de socialisation ont pu jouer un rôle dans ce drame. Une autre piste peut être cependant envisagée. Le mode de vie survivaliste mais aussi le port d’une cape verte et les bains systématiques au milieu de la nuit peuvent s’apparenter à certaines croyances religieuses ou spirituelles. Cependant, cela semble pour le moment difficile à identifier. La directrice du CIC avance de manière prudente l’hypothèse d’un système de croyances composé de différents éléments doctrinaux couplé à une interprétation complotiste de la société. 

(Sources : Le Parisien, 26.03.2022 & Libération, 30.03.2022)

  • Auteur : Unadfi