
Un Indien de 28 ans, résidant à Antibes, est accusé d’avoir poussé des jeunes filles à se torturer sur la plateforme en ligne Discord. Il devait comparaître devant la cour criminelle de Paris ce 3 mars. Son procès a finalement été renvoyé devant la cour d’assise où il encourt une peine de réclusion à perpétuité.
L’affaire débute de l’autre côté de l’Atlantique lorsque Google signale l’un de ses utilisateurs après la découverte d’une vidéo inquiétante présentant une jeune fille nue portant des croix gammées écrites au feutre noir ainsi que l’inscription « Rohan ». D’autres vidéos de jeunes filles mineures, encore plus cruelles, vont être découvertes par les enquêteurs américains. Après des mois d’investigation, ils remontent au prénommé Rohan. Il est interpellé à Antibes en avril 2021. Douze victimes âgées de 11 à 16 ans sont identifiées. Mais dans un manuel en ligne où le mis en cause se définit lui-même comme « gourou » il affirme en avoir manipulé plus de 200. Au cours de l’instruction, il a expliqué viser des adolescentes fragiles émotionnellement en raison de leur croyance religieuse et leur origine. Il les repérait sur des forums de discussions, gagnait leur confiance jusqu’à obtenir d’elles des photos nues et les attirer sur son groupe Discord.
Le piège virtuel se refermait alors. Par peur qu’il les fasse chanter, les victimes se soumettait à ses ordres : se filmer nues, se masturber avec la lame d’un couteau, plonger la tête dans la cuvette des toilettes, s’étrangler avec une ceinture, boire de l’eau de javel ou encore se scarifier.
Trois autres hommes jugés aux États-Unis
L’enquête a permis d’établir que Rohan n’était pas seul lors des séances de tortures en ligne. Un public regardait, par écran interposé, les jeunes filles apeurées agir sous les ordres du jeune homme.
Sur Discord, un groupe baptisé CVLT est mis au jour. Les membres y pratiquent de la « sextorsion » de mineurs. Rohan, qui se revendique aussi « nazi », y apparaît comme le donneur d’ordre principal de l’organisation qui avait un tropisme pour toute forme de violences et d’humiliation à caractère sexuel, pour l’idéologie fasciste et la haine envers les « noirs, les musulmans, les arabes, les juifs et néo-féministe ». Quatre ans après son interpellation, trois autres hommes, âgés de 23 à 41 ans, ont été inculpés aux États-Unis. Ils sont accusés d’avoir participé à une entreprise d’exploitation d’enfants. Deux d’entre eux sont soupçonnés d’être les leaders du groupe, aux côtés de Rohan.
Placé en détention provisoire, Rohan est accusé d’avoir poursuivi ses activités depuis sa cellule à l’aide de téléphones portables.
Arrivé pour ses études en France en 2016, il avoue une fascination pour la violence. Il se considère comme « psychopathe », affirmant n’éprouver aucune émotion. Il devra répondre « d’actes de torture et de barbarie », « corruption de mineurs en bande organisée » et « extorsion en bande organisée » sur la période de 2019 à 2021. Son procès devait s’ouvrir ce 3 mars devant la cour criminelle de Paris. Il a été renvoyé, le magistrat estimant que les faits doivent être jugés devant une cour d’assises où l’accusé encourra la réclusion criminelle à perpétuité (et non une peine de 20 ans maximum).
A écouter : Affaire suivante, BFM, L’horreur de la « sextorsion » (18 minutes) : https://www.bfmtv.com/replay-emissions/affaire-suivante/inedit-l-horreur-de-la-sextorsion-il-incitait-en-ligne-des-adolescentes-a-se-torturer_EN-202502280058.html
(Source : BFM, 02.03.2025 & Sud-Ouest, 04.03.2025)
A lire aussi sur le site de l’Unadfi : Une influenceuse condamnée pour trafic d’être humain : https://www.unadfi.org/actualites/domaines-dinfiltration/internet-et-theories-du-complot/une-influenceuse-condamnee-pour-trafic-detre-humain/