Les théories du complot s’orientent vers le climat

Un récent sondage mené par l’Ifop avance le chiffre de 35% des Français1 déclarant croire à une théorie du complot. Sur France Info, le politologue Rudy Reichstadt, directeur de l’Observatoire du conspirationnisme, a donné des clés de lecture de ce sondage. Une tendance accrue à ce que l’on peut qualifier de « climato-complotisme » semble se dégager.

Selon Rudy Reichstadt, les théories auxquelles adhérent les Français sont « très hétérogènes » et se succèdent en fonction des personnalités publiques et de l’actualité dominantes et médiatiques. La seule constante est qu’elles développent en général une « critique du pouvoir » assortie d’accusations dénuées de preuves tangibles.

Récemment, les théories concernant les politiques sanitaire durant la Covid-19 ont alimenté les récits complotistes avec notamment la vaccination, mais aussi la guerre en Ukraine, qui serait le fruit d’une « une manipulation occidentale, atlantiste, américaine, ukrainienne pour pouvoir en gros déclencher la troisième guerre mondiale », comme le résume Rudy Reichstadt. Enfin, le dernier sujet en vogue chez les complotistes est ce que le politologue désigne par « climato-complotisme ». Il constate que, sur Internet, des comptes covido-sceptiques ou pro-Poutine versent maintenant dans des sujets qui touchent au climat et développent un « climato-scepticisme affirmé à tendance complotiste » . Il cite comme exemple les récentes déclarations d’un climato-sceptique qui affirme que les rapports du Giec sont dictés par le parti allemand des Verts. Sur les réseaux sociaux, les théories climato-complotistes semblent monter en puissance et le sujet génère depuis deux ans un nombre de plus en plus important de publications en ligne. On voit notamment éclore des accusations envers Météo France qui surévaluerait le réchauffement climatique et gonflerait les températures en utilisant principalement des relevés provenant de zones urbaines.

La narration complotiste sur le climat essaye de balayer la réalité anxiogène du réchauffement climatique en remettant en doute son existence. Une telle affirmation propose une alternative rassurante à la dureté de la réalité. Elle prospère en minimisant les rapports scientifiques sans pour autant les nier. Certains s’autoproclament « climato-réalistes » et dénigrent le travail des scientifiques se présentant eux comme telles mais réfractaire à l’idéologie dominante. Encore une fois, dans leurs arguments est présente aussi l’idée que la crise climatique serait une manipulation inventée par les élites afin de mettre en place un nouvel ordre mondial basé sur une sobriété énergétique imposée. La multiplication de ces discours tend aussi à banaliser le discours anti-écologique et à le rendre acceptable. 

(Sources : France Tv Info, 16.04.2023 & L’ADN, 20.04.2023)

1. Consulter l’intégralité du sondage : https://www.amb-usa.fr/enquete-ifop-complotisme/