
Une enquête Healthline/YouGov révèle que de plus en plus d’Américains sont séduits par les « carefluencers » et leurs conseils santé souvent douteux, voire dangereux. Cette tendance inquiète le monde médical qui rappelle que le charisme ne remplace pas les compétences scientifiques.
L’ère des « carefluencers » est née. Et les médecins de familles n’ont plus la cote. Ces influenceurs et célébrités, à l’image d’Elon Musk ou Gwyneth Paltrow, n’ont aucune formation médicale mais s’imposent comme références santé sur les réseaux sociaux. Selon une enquête Healthline/YouGov, les Américains, en quête de bien-être, se tournent de plus en plus vers eux, quitte à mettre leur santé en jeu. Et ce, toutes générations confondues.
Le phénomène inquiète. Car derrière des publications anodines se cache une influence réelle, parfois lourde de conséquences. Elon Musk, par exemple, s’est vanté de prendre de la kétamine pour lutter contre la dépression. Cette déclaration est devenue virale et a suffi à banaliser un usage risqué. Bryan Johnson, autre figure Tech et adepte du biohacking, a lui aussi vanté les vertus de la kétamine. Pourtant, les professionnels rappellent que ce traitement ne s’envisage que dans un cadre médical strict. « La posologie doit être précise, il faut un suivi clinique et une intégration thérapeutique », avertissent les experts. Hors de ce cadre, les risques sont multiples : addiction, troubles cognitifs, lésions urinaires, voire psychoses.
Une redoutable force de persuasion
D’autres vont même jusqu’à suggérer des solutions alternatives aux traitements médicaux de leurs abonnés. Les carefluencers possèdent une redoutable force de persuasion. « On assiste à une confusion entre influence médiatique et expertise clinique », alerte un spécialiste. « Le capital confiance des célébrités pèse désormais plus lourd que les diplômes médicaux ». Résultat : c’est tout un marché de l’automédication et de la médecine alternative qui se développe.
Les rédacteurs de l’enquête Healthline/YouGov appellent à une régulation urgente. Les plateformes sociales devraient signaler les conseils médicaux non qualifiés, à l’image des avertissements sur les contenus financiers. La FTC (Federal Trade Commission) pourrait exiger des preuves de compétence avant toute publication de conseil santé. Ils appellent aussi les internautes à adopter un réflexe simple : vérifier les sources avant de suivre les recommandations. Oui, les célébrités ont le droit de parler de leur santé. Mais lorsqu’elles deviennent des figures de prescription, elles franchissent une ligne rouge. Contrairement à une tendance mode, un mauvais conseil médical ne fait pas qu’égarer, il peut tuer.
(Source : Le Courrier des Stratèges, 12.06.2025)