« Citoyens souverains », « êtres souverains », « individus souverains », « personne souveraine » « patients et médecins souverains » … Ces expressions qui circulent dans la complosphère incluent toutes un même adjectif renvoyant à l’autorité suprême de chacun. L’emploi du terme « souverain » est manié dans ce cadre comme une incitation à la négation des libertés collectives au profit exclusif des libertés individuelles. Toute personne qui s’octroie ce titre placerait ses propres lois au-dessus de la législation nationale. Une manière de justifier des actions séparatistes. Nouvelle identité, justice de substitution, monnaie parallèle, déscolarisation des enfants, cessation de paiement d’impôts deviennent dès lors des pratiques communes pour revendiquer une liberté absolue, n’en déplaise à l’État. Ces méthodes sectaires inquiètent les autorités, d’autant plus qu’elles vont jusqu’à mettre en danger la sécurité nationale, l’intégrité territoriale et l’État de droit.
Comment expliquer que cette même rhétorique « antisystème » (bien que teintée de nuances sémantiques) se diffuse des Etats-Unis jusqu’en France en passant par le Canada ou l’Allemagne ? Qui manipule ce discours dans les différents pays ? Depuis quand ? Quelle idéologie teinte ce vocable ? Et surtout, quels dangers présente le dévoiement du qualificatif « souverain » par des mouvements radicaux ? Quels modes d’action ceux-ci envisagent-ils pour retrouver une liberté prétendument volée par les institutions étatiques ?