
Le ministre délégué à la Santé Yannick Neuder a annoncé, mi-avril, une série de mesures pour lutter contre la désinformation médicale, érigée en « priorité stratégique ». S’il salue une prise de conscience, le monde scientifique reste circonspect face au manque de concret.
Lors d’un colloque le 18 avril, le ministre a notamment évoqué la création d’un observatoire de la désinformation, un label pour identifier les sources fiables et un renforcement de la coopération avec les plateformes numériques. Mais sans calendrier ni budget dédié, ces annonces peinent à convaincre.
« Il y a une volonté de reprise en main », reconnaît Mathieu Molimard, président de la Société française de pharmacologie, tout en regrettant « une précipitation » et un manque de suivi. De son côté, le sociologue Laurent Cordonnier estime que ces initiatives resteront inefficaces sans véritables moyens ni système de réaction structuré.
Parmi les critiques, la proposition d’un label soulève des inquiétudes : « Conférer une légitimité à un contenant plutôt qu’à un contenu est dangereux », met en garde le Pr Molimard, qui milite pour un site public d’information médicale validée scientifiquement.
Le sujet sensible des médecines alternatives, peu abordé lors du colloque, suscite aussi l’inquiétude. La Miviludes alerte sur leur prolifération, parfois au sein même d’établissements de santé, malgré l’interdiction réglementaire. « C’est un tsunami », dénonce de son côté Claire Siret, du Conseil de l’Ordre des médecins.
L’encadrement de ces pratiques, suspendu depuis le départ de la ministre Agnès Firmin-Le Bodo, est en attente. Le collectif NoFakeMed appelle à une reprise urgente des travaux, face à ce qu’il considère comme un vecteur majeur de désinformation médicale.
(Source : AFP, 16.06.2025)
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