Le 8 février 2012, le Tribunal de Grande Instance de Paris a jugé « excessives » les 17 années consacrées à l’enquête dans l’affaire de « L’Ecole en Bateau ». Il a condamné l’Etat à indemniser, « à hauteur de 250.000 euros », 11 anciens élèves qui avaient déposé plainte pour agression sexuelle.
« Les différents délais excessifs(…) caractérisent le déni de justice » selon le tribunal. L’Etat devra verser des dommages et intérêts compris entre 15.000 et 35.000 euros à chacun des 11 demandeurs. A cette somme s’ajoutent 5.000 euros de frais de justice.
Rappel des faits
L’association « L’Ecole en Bateau » a été créée par Leonid Kameneff.
Son ambition était d’emmener des adolescents naviguer au bout du monde afin de leur apporter « un épanouissement intellectuel, psychologique, affectif et social ». Entre les années 1970 et 1990, «L’école en Bateau » avait rencontré un grand succès.
En 1994, une première plainte pour viol et agression sexuelle était déposée contre Léonide Kameneff au parquet de Fort de France en Martinique. [Après nombre de péripéties judiciaires, le dossier sera rapatrié à Paris à la suite d’une requête en « suspicion légitime » des parties civiles qui dénonçaient « l’immobilisme » du juge de Fort de France !]
Par la suite, une trentaine de jeunes ayant navigué déposaient plainte. Quatorze d’entre eux seulement pouvaient se constituer partie civile car les faits dénoncés par les autres étaient prescrits.
Il est apparu au cours de l’enquête que les jeunes s’étaient retrouvés dans un huis clos où des adultes pouvaient exercer sur eux une emprise psychologique. Certains jeunes ont décrit « des séances d’autocritique et d’accusation publique, des séances de massage ou de masturbation collective…
Ce n’est qu’en mai 2011 qu’un juge d’instruction a renvoyé Léonide Kameneff et quatre autres personnes devant la Cour d’assises. Ce renvoi a été confirmé en appel mais deux mis en examen, dont Léonide Kameneff, se sont pourvus en cassation. Le procès aux assises devrait avoir lieu du 5 au 26 mars 2013. Mais d’ici là, la Cour de Cassation devra rendre sa décision.
Source : www.lepoint.fr /AFP, 08.02.2012 & Agence / TF1, 09.05.2008