
Quand des écoles privées religieuses font leur loi est le fruit d’une enquête d’un an menée par le journaliste Alexis Da Silva. Son constat est sans appel : des établissements confessionnels sous contrat avec l’État contournent les règles censées garantir la liberté de conscience et l’égalité des élèves.
« Mon éditeur m’a proposé ce livre après les polémiques sur le collège Stanislas », explique Alexis Da Silva. « J’avais révélé en 2022 que les cours de catéchisme, normalement facultatifs, y étaient obligatoires, et que l’on y tenait des propos conservateurs, notamment contre l’avortement. Je voulais savoir si ce cas était isolé ».
Au fil de son enquête, le journaliste dit avoir découvert un problème plus vaste. La loi Debré de 1959 reconnaît un « caractère propre » aux établissements privés. Mais ce flou permet des interprétations abusives. « Certains imposent des pratiques religieuses sous couvert de culture, d’autres censurent les programmes, notamment sur la sexualité ».
Pour lui, ces dérives interrogent directement l’usage de l’argent public. « Ces écoles reçoivent des subventions, elles doivent donc respecter les programmes officiels. Or, beaucoup les adaptent à leur convenance ».
Au-delà des irrégularités pédagogiques ou financières, Alexis Da Silva alerte sur un risque plus profond. « Lorsqu’on grandit dans une bulle où tout le monde partage la même religion et les mêmes codes, l’entrée dans le monde extérieur peut être un choc. Il y a un risque de repli communautaire. Cela pose une vraie question sur le vivre-ensemble et le rôle émancipateur de l’école ».
A lire : Quand des écoles privées religieuses font leur loi, chez Robert Laffont.
(Source : L’Express, 24.08.2025)