
Le Parquet national anti-terroriste (Pnat) a ouvert une information judiciaire ce 1er juillet 2025 après l’arrestation d’un jeune de 18 ans à Saint-Étienne. Ce dernier, se revendiquant de la mouvance Incel (acronyme de célibataire involontaire), projetait de commettre un attentat à l’arme blanche.
Le jeune homme a été interpellé par la DGSI près d’un lycée où il était élève en classe préparatoire. Il était en possession de deux couteaux.
Il s’agit, pour le Pnat, du premier dossier exclusivement lié à la mouvance masculiniste. Selon une source proche de l’enquête, Timoty G. visionnait compulsivement des vidéos misogynes sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, et aurait tenu des propos violents en ligne.
Mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteintes aux personnes », il a été placé en détention provisoire. Son avocate, Me Maria Snitsar, dépeint un adolescent en souffrance plutôt qu’un terroriste aguerri, et appelle à une appréciation nuancée de sa personnalité lors de l’instruction.
Cette affaire intervient dans un contexte de recrudescence des discours masculinistes sur les plateformes sociales. Des figures controversées, comme l’influenceur Isaac Mayembo, alias Alex Hitchens, participent à la diffusion de contenus misogynes massivement suivis en ligne. Ce phénomène inquiète jusqu’aux plus hautes sphères de l’État. La ministre de l’Éducation, Elisabeth Borne, alerte sur la banalisation de ces discours sexistes, notamment chez les jeunes hommes.
Reste que l’encadrement juridique de cette menace reste flou. Les « incels » ne forment pas une organisation structurée, ce qui rend leur traçabilité difficile. En Europe, certains rapports comme celui d’Europol ou du parquet de Paris évoquent un lien avec l’extrême droite, sans toutefois en faire une catégorie distincte.
L’enquête sur Timothy G. pourrait marquer un tournant dans la reconnaissance institutionnelle de cette mouvance comme une menace terroriste autonome et interroger le rôle des réseaux sociaux comme vecteurs de radicalisation.
(Sources : Le Télégramme & Libération & France 3, 02.07.2025 ; France 24, 04.07.2025)
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