Quitter sa foi et renaître en marge

Abandonner sa religion peut avoir de lourdes conséquences sociales. Mais pour certains, c’est une vraie libération. C’est ce qu’ont confié d’ex-Témoins de Jéhovah, en quête d’autonomie et de vérité. Ils ont choisi la marginalité plutôt que le mensonge à soi-même.

Micki McAllen a 35 ans. Cette Néo-Zélandaise a commencé à remettre en cause sa foi après des décennies à vivre sous la menace d’un Armageddon toujours imminent. La pandémie a servi de catalyseur. Isolée, elle découvre en ligne les récits d’autres dissidents et, avec eux, une autre voie. En une semaine, elle quitte sa communauté, se teint les cheveux en rose et entame une nouvelle carrière. S’ensuit une renaissance tardive, entre premières amours, exploration de sa bisexualité, et désir assumé de vivre pleinement.

Comme elle, Sian Harper, 28 ans, et Ben Gibbons, 37 ans, ont rompu avec l’organisation. Tous parlent d’une foi fondée sur la peur et le contrôle, notamment vis-à-vis des personnes LGBTQ+. Pour certains, cette rupture est synonyme d’ostracisme. Même sans excommunication officielle, les liens familiaux et sociaux s’effondrent. « C’est faire le deuil des vivants », résument-ils.

Mais ces départs sont aussi synonymes de découverte de soi. D’une enfance sous surveillance à une vie libre et assumée, ces ex-fidèles réapprennent à être amis, à aimer, à étudier, à se reconstruire. À travers les réseaux sociaux, des forums ou des associations, ils racontent leurs parcours pour tendre la main à ceux qui, encore enfermés, rêvent d’un monde au-delà des murs de la doctrine.

« Ils ont eu 48 ans de ma vie, ils n’en auront pas un de plus », confie Heather Spooner, ex-Témoin devenue docteure en psychologie. Avec son mari Nicolas, ils accompagnent désormais d’autres ex-adeptes en quête de cette même libération.  

(Source : Independent, 31.07.2025)

  • Auteur : Unadfi