
VIOLENCES SUR MINEURS : La protection des enfants mérite mieux qu’une approche fragmentaire
Alors que s’est ouverte une commission d’enquête sur « les modalités du contrôle par l’État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires publics et privés », après la mise au jour de ce que l’on appelle aujourd’hui « l’affaire Bétharram » notamment, la France a découvert avec effroi des décennies de silence complice et d’omerta autour d’actes odieux commis sur des enfants.
Mais cette scotomisation, ou volonté inconsciente de ne pas voir, dépasse le cadre scolaire.
Depuis plus de 40 ans, l’UNADFI alerte sur un phénomène encore plus insidieux, ignoré ou minimisé : les enfants victimes de dérives sectaires. Ces enfants, souvent élevés dans des environnements clos, coupés de toute influence extérieure, subissent des violences psychologiques, parfois physiques ou sexuelles, au nom d’une idéologie, d’une croyance ou de l’autorité d’un guide spirituel.
En mars 2024, nous avons organisé un colloque intitulé « Enfance volée, enfance en danger ». Nous y avons entendu des témoignages bouleversants. Ce sont là des réalités que la société peine encore à regarder en face. Pourtant, contraints au silence, ces mineurs en situation sectaire, dont le sort est subordonné à l’emprise d’adultes, sont dans l’incapacité de se défendre seuls.
Nous souhaiterions que le travail de la commission parlementaire ne se limite pas aux établissements scolaires classiques. Il est urgent que les pouvoirs publics prennent pleinement la mesure des dangers liés aux environnements sectaires, y compris ceux agissant sous couverture éducative ou thérapeutique. Le contrôle des établissements hors contrat, des communautés dites « éducatives », et des pratiques pseudo-thérapeutiques doit être renforcé.
La protection de l’enfance ne peut être à géométrie variable. Il est de la responsabilité de tous de faire preuve de vigilance et d’agir. La protection de nos enfants est un enjeu majeur de société et mérite mieux que des approches fragmentaires.