Editorial

Le chamanisme est à la mode : des stages et ateliers fleurissent, avec cérémonie ritualisée et offres de voyages initiatiques dans de lointains pays, diverses formations de chamans sont aussi proposées. Pour répondre aux questions que beaucoup se posent, Bulles a sollicité Guy Rouquet, président de Psychothérapie Vigilance, association de victimes née il y a dix ans avec la découverte d’un réseau international
de thérapeutes combinant psychotechniques, drogues hallucinogènes, cérémonies syncrétiques associant catholicisme et chamanisme.

Dans ses deux premiers articles, traitant du chamanisme traditionnel (Bulles n°108), puis des pratiques médicales chamaniques (Bulles n°109), G. Rouquet a mis en évidence la nature ambiguë du chaman, l’aspect magico-religieux du phénomène, et sa diversité. Il répond ici, dans un troisième et dernier article, aux questions que nous lui posons sur le néochamanisme contemporain, nouvelle forme
en plein essor. Est-il une recherche de connexion de l’homme avec l’univers, ou bien un nouveau phénomène de tourisme psychédélique ? Est-il un « outil de communication avec les entités spirituelles » de la nature, ou bien la recherche d’un rite de passage, parfois aux frontières de la mort ? Confusion et ambiguïté de ce mouvement aux multiples facettes… Au delà de l’attrait pour cette mouvance, le discernement et la vigilance s’imposent, en particulier lorsque, accommodé « à la sauce New Age », le néochamanisme se place sur le terrain du développement personnel, se voulant aussi initiatique et thérapeutique.

Figure du New Age, Rudolf Steiner est à l’origine de l’Anthroposophie, « science spirituelle » aux multiples applications, dont la pédagogie Steiner-Waldorf. Un ancien anthroposophe, formé dans les écoles du mouvement, témoigne des paradoxes d’un système qui s’appuie sur une doctrine de développement de la conscience mais qui peut aussi enfermer la pensée.

« Sommeil de la raison », crise de la rationalité et perte des repères profitent à tous les « prophètes » habiles à utiliser tout événement pour exercer leur emprise.

Mieux connaître et comprendre les risques de dérives est un moyen essentiel de prévention.

L’endoctrinement à l’Anthroposophie dans les écoles Steiner-Waldorf

S’appuyant sur son expérience à l’intérieur du « mouvement anthroposophe », illustrant son analyse de nombreux exemples, l’auteur dévoile les bases implicites de l’enseignement dans les écoles Steiner-Waldorf et permet ainsi de mieux comprendre le paradoxe souvent perçu de l’extérieur, d’une pédagogie de l’éveil attractive et d’un système de pensée fermé qui génère des dérives et rend difficile une ouverture au « monde extérieur ».

Le texte qui suit rend compte d’une partie de ce témoignage que le lecteur trouvera beaucoup d’intérêt à lire dans sa version complète, publiée sur ce site.

L’Anthroposophie est la doctrine de Rudolf Steiner (1861-1925), philosophe, théosophe, mystique et pédagogue du début du XXème siècle, originaire d’Autriche-Hongrie. La Société Anthroposophique, association qui se donne pour mission de propager cette doctrine ésotérique, est issue d’une scission intervenue en 1913 au sein de la Société Théosophique. La doctrine de Rudolf Steiner comporte un vaste
enseignement d’ordre gnostique comprenant des éléments aussi divers que la réincarnation et le karma, la nature solaire du Christ, les différents corps subtils de l’Homme etc. Mais cette doctrine n’est pas seulement un ensemble théorique.

Rudolf Steiner a également proposé les bases de nouvelles activités dont certaines ont connu un succès planétaire : parmi celles-ci, on peut citer les produits cosmétiques de la firme Weleda, l’agriculture biodynamique, et la pédagogie Steiner-Waldorf .[…]

 

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Bulles 111 – Editorial

En 2004, pour répondre aux demandes renouvelées des ADFI très souvent sollicitées pour des situations concernant des mineurs, nous avons publié un numéro spécial de Bulles « Les sectes et les enfants ». Outre le fait que ce numéro est épuisé depuis un certain temps (on peut cependant en retrouver les articles sur le site internet de l’UNADFI), il nous paraît intéressant de revenir aujourd’hui sur la question des enfants et des adolescents victimes de sectes.

La prise de conscience par les pouvoirs publics d’une forme spécifique de « maltraitance sectaire », a conduit l’Assemblée Nationale à réunir, en 2006, une Commission d’enquête relative à l’influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs. Constatant « un engagement inégal » et « des faiblesses manifestes » dans l’action des pouvoirs publics, les députés formulaient 50 propositions.

La loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance va dans le sens de certaines de ces propositions en axant les actions vers un renforcement de la prévention « pour venir en aide aux enfants et à leurs parents avant qu’il ne soit trop tard » et une organisation plus efficace du signalement de situations de « mineurs en danger ».

En octobre 2010, la MIVILUDES publie La protection des mineurs contre les dérives sectaires, guide destiné aux professionnels de la protection de l’enfance, aux familles et à l’entourage des enfants et des adolescents. On en trouvera un extrait en introduction de ce numéro.

Nous ne pouvons que nous réjouir de ces avancées légales dans l’intérêt de l’enfant. Elles prennent en compte la notion d’emprise mentale, le cœur de la problématique sectaire, qui empêche la structuration des jeunes personnalités, leur capacité à devenir autonomes et à s’ouvrir au monde extérieur.

Il importe de rester vigilant et informé : les enfants et les adolescents restent toujours une cible pour bien des mouvements sectaires et ceux qui attentent à leur dignité échappent encore trop souvent aux sanctions, comme on le verra dans certains témoignages.

Ce numéro de Bulles contient un dépliant, destiné à être largement diffusé, donnant des éléments de repère des atteintes aux droits de l’enfant.

Editorial

A plusieurs reprises, nous avons eu l’occasion de donner la parole à des personnes sorties d’un mouvement sectaire. Chacune de leurs histoires est différente mais pour beaucoup cette étape a été longue et difficile. Tous conservent l’empreinte de leurs années sous emprise.
Les raisons qui amènent un adepte à s’éloigner de son groupe d’appartenance sont diverses ; cependant revient toujours le constat des contradictions entre les exigences légitimées par une doctrine et les actions des dirigeants.

Ces contradictions ne peuvent être perçues que par ceux qui connaissent le fonctionnement interne d’un groupe, les règles écrites ou implicites qui régissent la vie quotidienne et les relations des membres entre eux, avec les dirigeants, et vis à vis de l’extérieur.

Séduit par un discours prometteur, l’adepte n’a pas d’information sur ce « règlement », justifié par la doctrine, qu’il adopte au fur et à mesure de son implication. C’est ainsi que se met en place l’emprise et son cortège d’atteintes aux droits fondamentaux des personnes.
La connaissance des faits, la compréhension du fonctionnement interne des groupes et des méthodes d’emprise, nous les devons à de nombreux ex-adeptes qui ont tenu à faire connaître la vérité.

Comme le soulignait Stephen Kent, sociologue canadien, lors du dernier colloque de la FECRIS, leurs témoignages reçus avec respect, attention, et discernement ont considérablement aidé les familles, les associations, et certains universitaires.

Les « gourous », qui savent combien les témoignages des ex-adeptes peuvent leur nuire, font pression de façons diverses sur leurs auteurs. Mais des attaques plus incompréhensibles sont venues de chercheurs qui, les considérant comme des apostats, jugent que leur témoignages sont plus destinés à prendre une revanche qu’à révéler une réalité sectaire cachée. à ce titre, ils les déclarent non crédibles. L’analyse de Jean-Pierre Jougla sur « le syndrome de l’apostat » souligne la portée d’une telle accusation.

L’actualité récente a mis en lumière la grande difficulté pour des personnes ayant subi une emprise de porter plainte, de vivre une procédure judiciaire souvent très longue, et d’affronter un procès, éprouvant et à l’issue incertaine.

De la nécessité de protéger l’exercice de la psychothérapie

Afin de protéger les particuliers en demande d’aide ponctuelle ou durable sur le plan psychique, le législateur a réglementé l’usage du titre de psychothérapeute. Tout n’est pas résolu pour autant : l’exercice de la psychothérapie n’étant pas protégé, l’usager demeure exposé à des pratiques non conventionnelles, certaines farfelues ou charlatanesques, d’autres à haut risque pour sa santé mentale et son insertion sociale.
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