L’ostracisme – Une odieuse pratique de conditionnement

Journaliste free-lance et écrivain, Achille Aveta a vécu 23 ans dans la filiale italienne des Témoins de Jéhovah avant d’en être excommunié par le « comité judiciaire » pour « apostasie ».

Depuis lors, il a analysé la doctrine et les règlements internes du mouvement, publié des ouvrages sur le sujet, et traduit en italien des ouvrages américains.

Ce texte est le résumé de son intervention lors du colloque de la FECRIS[1], « Les abus récurrents des sectes : témoignages et preuves », à Varsovie le 7 mai 2011.
 

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Editorial

On pense encore trop souvent que celui qui devient membre d’une organisation sectaire coercitive, ou qui est sous l’emprise totale d’un manipulateur, s’est fait « piéger » parce qu’il n’avait pas un bagage culturel suffisant. La réalité est plus complexe car, dans une telle situation, l’affectif, les aspirations personnelles, une éventuelle vulnérabilité, tiennent autant de place, voire plus, que la réflexion et la raison.

Bien souvent, les personnes qui, inquiètes pour un proche, viennent voir nos associations, découvrent seulement alors les stratégies de mise sous influence, les techniques de contrôle de la pensée et du comportement et le fonctionnement de telles organisations. Elles apprennent, aussi, des réalités sur les individus, les doctrines, l’histoire du mouvement, dont il n’est jamais fait état lors des premières rencontres, et qui sont soigneusement cachées car elles nuiraient incontestablement à leur image. Les témoignages d’anciens membres leur révèlent souvent des règles internes attentatoires au respect et à la dignité des individus.

Autant il serait absurde de se méfier de tout et de tous au prétexte que l’on peut « se faire avoir », autant il faut être conscient que les mécanismes de l’emprise peuvent conduire des personnes, des familles, des groupes, à des situations graves, et qu’il est nécessaire d’être vigilant.

Les associations informent et aident à comprendre. Elles s’efforcent aussi d’alerter le public à travers des séances de prévention, des publications et des sites Internet.

Dans plusieurs pays, les pouvoirs publics ont pris conscience des risques et mis en place des structures de vigilance et d’information. En France, les guides élaborés par la Miviludes, dont les deux derniers sont présentés dans ce numéro, offrent des outils efficaces à de nombreux professionnels. En Belgique aussi, les publications et avis du CIAOSN apportent au public des éléments précieux de discernement.

S’il fallait prouver l’importance de l’information dans la lutte contre l’emprise sectaire, il suffirait de constater les pressions exercées par certains mouvements, et ceux qui les soutiennent, sur ceux qui se montrent critiques à leur égard[1]…

[1] Voir par exemple

Le retour à la réalité : observations sur le chemin à parcourir

Extraits de l’intervention de Christian Szurko, directeur du DialogCentre UK, lors du colloque de la FECRIS « Les abus récurrents des sectes : témoignages et preuves » à Varsovie, le 7 mai 2011. L’auteur a donné une vue d’ensemble sur certaines méthodes qu’il a mises au point pour aider des membres et des ex-membres à reconsidérer leur implication dans une secte trompeuse et pour les aider à se rétablir. (…)
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Néo-pentecôtisme et vulnérabilité aux dérives sectaires

L’auteur de cet article, Anne-Sophie Lecomte, est analyste au service d’étude du Centre d’Information et d’Avis sur les Organisations Sectaires Nuisibles (CIAOSN) en Belgique. Cet article apporte des éléments de compréhension et de vigilance sur un phénomène également très présent en France, comme peuvent en témoigner nos associations.

Le modèle politique sectaire face à la démocratie

Lors du colloque « Sectes et État de droit » de la FECRIS (Fédération Européenne des Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme), à Copenhague le 30 mai 2013, Jean-Pierre Jougla a retracé la genèse du concept d’État de droit et montré combien le modèle sectaire, qui fait de l’adepte l’inverse d’un citoyen, est régressif et dangereux pour les démocraties.

J’aborde ce que j’appelle les sectes contemporaines1 comme des modèles politiques utopiques en rupture avec les réalités et l’esprit de notre temps, ayant pour objectif d’être dupliqués et généralisés en réseau. C’est dire que ce modèle sectaire est un cheval de Troie au sein de l’État de droit, un État dans l’État, et qu’il présente un danger pour l’avenir démocratique.
Démocratie et État de droit.

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Témoins de Jéhovah : décryptage (4)

Combien de Témoins de Jéhovah vivent douloureusement ces situations, adoptant des positions qui, pour des observateurs de l’extérieur, ne semblent pas en accord avec leur personnalité ? On ne peut comprendre ces ruptures radicales avec la « vie d’avant », dans les manières de se comporter, les relations sociales et familiales, qu’en constatant que l’appartenance à l’Organisation ne résulte pas d’une adhésion libre et éclairée et que l’on devient Témoin de Jéhovah… sans l’avoir voulu, en quelque sorte.(…)
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Philippe-Jean Parquet : les 9 critères pour caractériser l’emprise

Pour Philippe-Jean Parquet, consultant et référent ministériel, les organisations à caractère sectaire « se transforment et présentent des visages différents. Elles utilisent des processus, appelés quelquefois manipulations mentales, qui induisent un état psychologique original, l’emprise mentale. » Elles s’adaptent aux besoins et attentes de nos contemporains et proposent des théories et des méthodes ayant trait à la santé et au développement personnel, au bien-être, à l’écologie et moins à des thèmes pseudo-religieux et ésotériques. Un changement d’échelle est également perceptible : elles forment de petits groupes moins détectables. Cette nouvelle forme en augmente le caractère nocif. De la même manière que les organisations classiques, « ces groupuscules asservissent les personnes, induisent des dommages et coupent les victimes de leur famille, de leur activité professionnelle et de la société. » Cet asservissement conduit même ces victimes « à commettre des actes dommageables voire répréhensibles qu’elles n’auraient pas commis antérieurement ».
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