Un traitement catastrophique

Mon frère, en Scientologie depuis 1977, y a exercé des responsabilités. Il est parti au Danemark en 1985 après avoir réalisé tous ses biens. Il effectuait de nombreux déplacements. Dans nos rares conversations par téléphone portable, ou lors de ses rares passages en France, je constatais sa complète déconnection de la réalité.

Après son divorce de l’épouse dont il avait eu trois enfants, il a épousé une Française Scientologue au Danemark. A ses dires elle y jouait un rôle important.  

En 2001, il m’a annoncé avoir une tumeur au cou. Très fatigué il a consulté au CHU de Copenhague. C’était un cancer; d’où un début de chimiothérapie. Un mieux s’en est suivi au cours duquel j’ai revu mon frère à Paris. Il disait que ce mieux résultait d’un traitement scientologue, dont une dose massive de vitamine C. Peu après, son état empira, mais je n’ai pas pu obtenir qu’il retourne à l’hôpital. Refus et prise de vitamines.
Son épouse, au téléphone (difficile), refusait d’indiquer où il était hospitalisé. Après maints échecs, j’ai réussi à savoir qu’il était dans une clinique à 30 Km au nord de Copenhague*. Des amis danois m’ont précisé: à Humlebaek, sans pouvoir dire si mon frère y était. Pourtant, un frère et moi y sommes allés en novembre 2002. A l’accueil, où de nombreux ouvrages de Ron Hubbard étaient sur des rayonnages, on refusa de nous conduire à notre frère. Il était bien là puisque, soi-disant, « en traitement ». Déterminés, nous sommes restés ; et un moment après un personnage se disant médecin nous a fait introduire. La chambre était un genre de bungalow à part du bâtiment principal. Là nous n’avons vu personne d’aspect médical. Triste, la chambre était encombrée de revues et de matériels hétéroclites ; aucun aspect « clinique »: lit non-médicalisé, pas d’oxygène. A une table un jeune homme était absorbé par sa comptabilité à partir d’une pile de documents adressés à la Scientologie à Copenhague.
Notre frère, sous perfusion, était très faible, parlant difficilement. Nous avons été atterrés de constater dans quelles conditions quant aux soins et à l’hygiène un mourant était hébergé.
Pendant les deux heures de notre présence notre frère n’a reçu aucun personnel médical, alors que manifestement il souffrait beaucoup. Quatre jours après, transféré au CHU de Copenhague, il y décédait.

*Ndr : Le médecin de cet établissement est connu des autorités pour ses prescriptions non-agréées.
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