Le prédicateur Tony Alamo meurt en prison

Tony Alamo, prédicateur américain dont la communauté apocalyptique s’est muée en véritable empire financier, est mort en prison à l’âge de 82 ans. En 2009, reconnu coupable d’abus sexuel et d’exploitation sexuelle de jeunes filles, dont une âgée de seulement neuf ans, il avait été condamné à 175 ans de prison et à une amende de 250 000 dollars.

Tony Alamo, de son vrai nom Bernie Lazar Hoffman, est né en 1934 dans le Missouri. Arrivé en Californie dans les années 1960, il aurait d’abord été crooner, puis producteur de groupes célèbres , mais nulle preuve de ces activités n’a été retrouvée. En 1969, il se marie à Las Vegas et change de nom.

Affirmant avoir reçu une révélation divine, il devient prêcheur de rue à Los Angeles. Il attirait à lui des hippies et des jeunes en rupture avec leur famille, leur enseignant une doctrine mêlant pentecôtisme, anticatholicisme, rhétorique apocalyptique, ufologie et croyance aux miracles. Il prône la polygamie, affirmant que les jeunes filles étaient aptes au mariage dès la puberté. Il est également connu pour son discours homophobe, déclarant que « les gays étaient les outils de Satan ».

Au milieu des années 1970, la communauté s’est déplacée dans l’Arkansas où le groupe a acheté des terres et construit un manoir de 1200 m2 dans lequel logeait le couple Alamo.
A son apogée, le groupe revendiquait plusieurs milliers d’adeptes à travers les Etats-Unis et Alamo était à la tête d’un empire financier, ses revenus provenant de plusieurs stations-services, une ferme porcine, une épicerie, un restaurant… Il possédait également une fabrique de vêtements prisés par des stars, dans laquelle les adeptes travaillaient sans être déclarés, les revenus de l’entreprise allant directement dans les poches du gourou qui employait même des enfants.

Dans les années 1990, le groupe se déplaça une nouvelle fois pour s’installer ailleurs dans l’Arkansas. Le 20 décembre 2008, dans le cadre d’une enquête ouverte deux ans plus tôt sur des allégations de mauvais traitements infligés à des enfants et de pornographie juvénile, des fonctionnaires ont fait une descente. Tony Alamo a été arrêté quelques jours plus tard et condamné l’année suivante grâce aux témoignages de cinq femmes victimes d’abus sexuels et mariées de force au gourou dans leur enfance.

Lors du procès de 2009, des ex-adeptes ont témoigné du calvaire vécu au sein de ce groupe dirigé par un gourou omnipotent, au comportement de plus en plus excessif. Après le décès de sa femme en 1982, il conserva son corps dans une crypte et força ses fidèles à se relayer auprès d’elle pour prier pour sa résurrection. Selon le journal The Oregonian, les enfants étaient battus chaque jour car elle ne se réveillait pas. Au début des années 1990, il mit en pratique sa doctrine polygame et au fil des années épousa des filles de plus en plus jeunes.
Avant sa dernière condamnation en 2009, il avait déjà dû faire face plusieurs fois à la justice et avait déjà été condamné et emprisonné.

Sa mort a provoqué un sentiment de soulagement parmi ses ex-adeptes car malgré son emprisonnement, il n’avait pas cessé ses activités. Selon David Carter, avocat de plusieurs ex-adeptes, son emprise était telle qu’ils le croyaient réellement envoyé par Dieu. Certains parents le craignaient tellement qu’ils avaient préféré lui remettre leurs propres enfants, plutôt que risquer la damnation éternelle. Pour lui, « Alamo n’était plus qu’un pédophile narcissique qui enveloppait son abus sadique dans le manteau de la religion ».

(Sources : Times Colonist, 03.05.2017, Arkansas Online, 04.05.2017 & New It Magazine, 04.05.2017)