La Dianétique : une pseudo-thérapie préjudiciable

En 1950, L. Ron Hubbard publiait la Dianétique dans lequel il prétendait être capable de guérir les « aberrations humaines » grâce à une méthode, l’audit. Ce livre devint rapidement un best-seller et, un peu plus tard, le texte de référence des scientologues. Un médecin, Martin Gumpert, a étudié la Dianétique et souhaite alerter sur la dangerosité de la méthode pseudo-scientifique hubbardienne qui pourrait se révéler fatale pour ceux qui lui feraient trop confiance.

La popularité de cet ouvrage renseigne sur l’inquiétante tendance de nos contemporains à tomber dans le piège des concepts pseudo-scientifiques. Il est vrai que ce livre prétend pouvoir répondre à toutes les promesses : « la création de la Dianétique est une étape importante pour l’homme comparable à la découverte du feu et supérieure à l’invention de la roue ou de la voûte ». « Avec l’aide des compétences acquises grâce à la Dianétique, tout le monde peut atteindre la  » délivrance  » en moins de 20 heures et un niveau d’intelligence nettement supérieur à la moyenne. »
L. Ron Hubbard affirme comme un fait scientifique établi que l’homme « est uniformément et invariablement bon ». Il remplace le concept de l’inconscient par le « mental réactif ». Les douleurs physiques ou émotionnelles ne peuvent être éliminées que par la thérapie dynamique qu’il a mise au point. Après un passage par la Dianétique, les personnes gardent leurs souvenirs mais ne ressentent plus la douleur qui y est liée. Hubbard prétend pouvoir agir sur l’existence prénatale. Débarrassé de tous ses engrammes (pensées négatives), l’homme devient « clair ».

Au terme de la lecture de la Dianétique, Martin Gumpert dut admettre qu’il n’avait jamais été confronté à autant d’audace et de prétention. Hubbard a créé une mixture mêlant non-sens complet et bon sens basé sur des résultats reconnus qu’il a habillés d’une nouvelle terminologie, d’un néo-langage, afin de se les approprier.
Le plus révoltant encore est l’affirmation, maintes fois répétée, de l’exactitude scientifique de sa méthode alors qu’il n’existe aucune trace d’une quelconque expérimentation scientifique. Alors que l’auteur se sert en permanence de concepts empruntés, il les attaque avec la plus remarquable ingratitude. Indépendamment du fait que ses théories ne lui appartiennent pas, elles constituent dans la Dianétique un système paranoïaque dangereux car proposé au plus grand nombre comme une méthode thérapeutique.

Le fondateur de la Scientologie affirme que « ses conclusions sont valables pour le cancer et le diabète et qu’il est raisonnable de penser que les engrammes peuvent être la cause de tumeurs malignes. » Il affirme qu’en attendant d’être clair [débarrassé de tous ses engrammes], le préclair doit prendre une dose quotidienne de dix à vingt milligrammes de vitamine B1. Si quelqu’un tentait de l’empêcher de continuer sa thérapie, il devait le signaler. Car comme dans tous les systèmes paranoïaque, tout sceptique ou incrédule est condamné.

Les exemples d’auditions cités sont d’une incroyable absurdité, et plus particulièrement lorsqu’ils concernent la vie prénatale du pauvre audité, des habitudes sexuelles de sa mère et ses avortements.
Martine Gumpert regrette qu’on ne puisse pas interdire cette pseudo thérapie. Les préjudices que peut engendrer la Dianétique ne doivent pas être sous-estimés. Les exploiteurs d’anxiété sont une menace sérieuse pour la santé publique.

(Source : The New Republic, 05.05.2015)