États-Unis / Un membre de la Sea Org prend la fuite

Jillian Schlesinger, 29 ans, a décidé de quitter la Scientologie. A 29 ans, elle s’est résolue à tout recommencer, à entrer dans un nouveau monde pour lequel elle n’a reçu aucune éducation. Elle n’y a pas de compte épargne, pas de connaissance. Elle est née dans la Scientologie. Ses parents, ses amis, tous ceux qu’elle connaissait sont scientologues. Elle savait qu’en partant, ils la renieraient mais elle savait aussi que sa fuite changerait définitivement sa vie.


Jillian n’était pas simple scientologue : dès 19 ans, elle a rejoint de l’élite de l’organe de direction de la Scientolgie, la Sea Org. Être membre de la Sea Org signifie travailler sept jours sur sept tout en gagnant entre 8 et 50 dollars par semaine, être constamment contrôlée, surveillée, dormir dans des dortoirs sans intimité et n’avoir aucun contact avec le monde extérieur. Les membres de la Sea Org sont complètement coupés de l’actualité, en partie pour les empêcher de lire des informations négatives sur la Scientologie.

Durant la majeure partie de sa vie, Jillian Schlesinger a été une bonne scientologue, obéissant à tous les ordres, se pliant à toutes les règles, acceptant l’humiliation, les punitions et le travail intensif. Puis est venu le temps de la rébellion. Ses insurrections successives lui valaient des sanctions qui lui devenaient de plus en plus insupportables.

Dans un premier temps, la pensée de fuir était terrifiante. La surveillance étroite des membres de la Sea Org rend la fuite encore plus difficile  ; peu d’entre eux l’ont fait. La sentence en cas d’échec est aussi plus lourde : ils peuvent être condamnés par la Scientologie à la « Rehabilitation Projet Force », un programme de conditionnement, de ré-endoctrinement où les membres rebelles sont soumis à des travaux physiques pénibles, à des cours idéologiques intensifs et à de longues périodes d’isolement. Un ex-membre explique que « sans vous enchaîner à un radiateur, ils rendent le départ très difficile ». Car la prison mentale, « c’est pire. On a inculqué à ceux de la Sea Org que, s’ils devaient s’en aller, ils erreraient pour le reste de l’éternité comme des malheureux dans l’univers. Et, bien sûr, il y a aussi la crainte que vous soyez harcelé par l’église, et la menace de perdre votre famille et vos amis ».

Mais un dimanche matin de janvier, alors qu’elle était censée nettoyer sa chambre, elle s’est faufilée dans la cuisine du bâtiment bleu et a appelé son père. Elle lui a fait part de son intention de quitter l’organisation lui expliquant qu’elle ne pouvait plus faire face à ses conditions de vie.

Elle franchit le pas en Février. Elle est montée dans un bus de l’organisation, s’est assise à l’arrière afin d’en descendre sans personne dans son dos. À l’arrêt, s’assurant que personne ne la regarde, elle prend une profonde inspiration et se rue dans une bouche de métro. Prise de panique, elle est dans un état second, elle ne s’appartient plus. Une heure plus tard, elle atteint Anaheim, débarque et marche vers le restaurant de son père. « Mon dieu », a-t-il dit, « tu l’as fait ».

Source : Vocativ.com, 09.04.2014