Chronique d’un troisième procès

Coeur douloureux et immaculé de Marie

Le 27 avril 2009, Juliano Verbard, gourou de la secte « Cœur Douloureux et Immaculé de Marie », son compagnon Fabrice Michel et le beau-père de ce dernier, Alexis Michel, s’évadaient en hélicoptère de la prison de Domenjod. Leur procès s’est déroulé du 21 mai au 1er juin 2012 devant la cour d’assises de la Réunion.


14 personnes se retrouvent devant la Justice, poursuivies pour évasion, séquestration, « détournement d’aéronef » ou pour complicité.

Un important dispositif de police avait été déployé pour encadrer les condamnés. En totalité, 23 policiers avaient été mobilisés, dont 12 du Groupe d’Intervention de la Police Nationale (GIPN).

La spectaculaire évasion avait eu lieu au centre pénitencier le plus moderne de la Réunion, ouvert quatre mois auparavant mais… dépourvu de filet anti-évasion.

L’évasion

Trois adeptes de la secte : Jean-René Gence, 52 ans, Guillaume Maillot, 26 ans, et Rodolphe Cadet, 30 ans, se faisant passer pour des randonneurs, avaient loué un hélicoptère Alouette 3 dans le cirque de Mafate.

Trois minutes après le décollage, ils avaient menacé le pilote, Yann Morvan, avec un révolver, ligoté le jeune mécanicien, Stéphane Libel, puis ils les avaient aspergés d’essence.

Les preneurs d’otages avaient ordonné au pilote de se diriger vers la prison de Domenjod.

La manœuvre pour descendre dans la cour étroite de l’établissement pénitentiaire s’était avérée très délicate. Puis une échelle de corde avait ensuite été lancée. Juliano Verbard et ses deux co-détenus étaient alors montés à bord.

Convaincu que les preneurs d’otage allaient les tuer tous les deux, le pilote avait réussi à simuler un crash en coupant le moteur et en posant l’appareil, toujours sans moteur. Sa ruse avait fonctionné et les preneurs d’otage s’étaient enfuis sans demander leur reste, abandonnant même dans l’appareil un sac qui avait aidé à leur identification. Au cours de la terrible équipée, Yann Morvan avait été frappé à deux reprises avec la crosse du révolver.

L’arrestation

Une dizaine de jours plus tard, les trois évadés et les trois preneurs d’otage étaient retrouvés dans un petit appartement. Huit complices étaient ensuite arrêtés.

Lors de son premier interrogatoire, Juliano Verbard avait reconnu les faits, tout en déclarant ne pas être le commanditaire de l’opération. Mais pour Me Georges-André Hoarau, avocat des trois évadés, le gourou est le « seul coupable » car il aurait « promis les flammes de l’enfer à ses disciples s’ils ne le faisaient pas sortir de prison ».

Le procès

Lors des premiers jours du procès, Juliano Verbard et la secte « Cœur douloureux et immaculé de Marie » ont été au centre des débats.

Les anciens adeptes et les proches des accusés ont défilé les uns après les autres à la barre. Dès le début du procès, Juliano Verbard a voulu apparaître comme « libéré » de l’homme qu’il était lorsqu’il dirigeait la secte. Il a d’ailleurs fini par révéler qu’il n’avait jamais eu de visions ni de messages de la Vierge comme il le prétendait. Cette déclaration « choc » a laissé ses anciens adeptes « effondrés » et ils n’ont pas caché leur amertume devant la Cour. Rappelons que Juliano Verbard avait attiré des centaines de fidèles en affirmant que la Vierge lui apparaissait le 8e jour de chaque mois. Ses adeptes lui vouaient alors « une dévotion sans borne »

Au terme d’un réquisitoire de 3h30, l’avocat général Danielle Braud a réclamé de lourdes peines pour les accusés. Elle a longuement évoqué la souffrance du pilote et du jeune mécanicien, confrontés à la mort, puis elle s’est attardée sur l’évolution des membres de la secte. « Beaucoup de larmes ont été versées » pour créer un écran de fumée, a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle ne croyait pas au repentir de Juliano Verbard. Elle a aussi pointé le fait que « chaque fois qu’on arrive à des actes concrets, personne ne les a commis ! » Qui a acheté les armes, conduit les véhicules ?…

Le verdict

Le 1er juin 2012, les jurés ont rendu leur verdict, après six heures de délibération. Juliano Verbard et Fabrice Michel ont été condamnés à 13 ans de prison ferme et Alexin Michel à 10 ans de prison ferme.

Les preneurs d’otage, Jean-René Gens,Rodolphe Canet et Guillaume Maillot ont été condamnés à 12 ans de prison ferme pour le premier et 10 ans de prison ferme pour les deux autres.
Les complices ont été condamnés à des peines variables allant de 8 ans de prison ferme à 6 mois de prison avec sursis. L’un d’eux a été acquitté.

Rappelons que Juliano Verbard a déjà été condamné à 18 ans de prison pour viols et agressions sur mineur et à 9 ans de prison pour enlèvement d’enfant.

Voir aussi sur ce site

Source : LINFO.re, 10.05.2012 & 22.10.2012 & 24.10.2012 & Zinfos974, 14.05.2012 & Le Point.fr / AFP, 21.05.2012 & Clicanoo.re, 22.05.2012 & Linfo.re, 30.05.2012 & Clicanoo.re, 31.05.2012