Belgique / La justice belge renvoie la Scientologie devant le tribunal correctionnel

Le 27 mars 2014, au terme de 17 ans d’enquête, la justice belge a décidé de renvoyer deux associations liées à la Scientologie devant le tribunal correctionnel. Il s’agit de la branche belge de la Scientologie ainsi que du bureau européen pour les droits de l’homme (émanation du siège américain de la Scientologie à Bruxelles). La chambre du Conseil de la cour d’appel de Bruxelles a estimé détenir suffisamment d’éléments contre ces deux personnes morales et dix de leurs dirigeants pour ouvrir ce procès.


Le parquet fédéral qualifie l’Église de Scientologie d’organisation criminelle et poursuit notamment les prévenus pour escroquerie, pratique illégale de la médecine et non-respect de la législation sur la protection de la vie privée.

Le jour même, la Scientologie a réagi : elle dénonce « un procès d’intention ». Dans un communiqué, elle accuse : « Nous ne pouvons que constater que cette enquête interminable n’est rien de moins qu’une inquisition moderne et un affront à la liberté de religion et aux droits de la défense ». Toujours selon la Scientologie belge, le dossier est « constitué de rumeurs, de procès d’intention et de mensonges sur ce qu’est réellement la religion de Scientologie ». Elle est bien déterminée « à se battre contre toute procédure pénale biaisée qui violerait ses droits fondamentaux, et cela, jusqu’à l’obtention finale d’une vraie justice ».

La décision peut faire l’objet d’un appel devant une juridiction supérieure, la chambre des Mises en accusation, qui devrait alors statuer dans les prochains mois.

Sources : Le Parisien & Belga, 27.03.2014

La Scientologie en Belgique

D’après la Scientologie, il y aurait 500 à 600 membres au centre scientologue de Malines et 300 dans le nouveau centre de Bruxelles. D’autres sources évoquent 300 membres dans toute la Belgique dont de nombreux scientologues venus d’autres pays européens.

La Scientologie occupe deux bâtiments sur de prestigieuses artères de la capitale européenne. L’un d’eux est situé tout près des institutions européennes. Les scientologues l’appellent leur Bureau européen des affaires publiques et des Droits de l’homme. Il leur permettrait en fait de défendre leurs intérêts auprès des parlementaires européens. En 2003, une députée parlementaire européenne prévenait : « L’installation du Bureau européen des affaires publiques et des Droits de l’homme de l’Église de Scientologie à Bruxelles, et les pratiques de lobbying de celle-ci, risquent de provoquer un amalgame entre les activités des Institutions européennes et celles des scientologues. En effet, ceux-ci évitent de se présenter comme des membres de l’Église de Scientologie et profitent d’organisations satellites pour s’infiltrer au sein des Institutions européennes. »

Source : RTBF Info, 12.03.2014

Belgique / Le témoignage d’anciens adeptes

D’anciens adeptes ont tenté d’expliquer pourquoi la Scientologie est régulièrement mise en cause. L’un d’eux a passé plusieurs années dans l’organisation. Lorsqu’il décide de la quitter, il y a quatre ans, son fils le raye de sa vie. En plus de sa famille, cet homme a perdu des milliers d’euros pour une « aventure » sensée le rendre meilleur : « Vous devez faire 20 heures de cours par semaine pour vous améliorer. Si vous n’y allez pas, on vous appelle. Ce sont des coups de fil incessants et permanents ».

Pour l’organisation chaque membre est libre de faire des donations. Mais, si tout est gratuit au début, les sommes réclamées par la Scientologie sont de plus en plus importantes. Une autre victime confie que le coût peut être équivalent à celui d’une maison.

Si Agnès Bron, porte-parole de la Scientologie, prétend qu’« on entend toujours les mêmes personnes dans les médias », les anciens scientologues se présentant comme victimes de l’organisation existent bien. Ils refusent simplement de témoigner à visage découvert, exigent l’anonymat de peur d’interférer dans les procédures judiciaires ou dans le processus de remboursement qu’ils ont entamé avec la Scientologie.

Roger Gonnet, ancien cadre français de la Scientologie, est devenu l’un de ses plus farouches détracteurs. Il évoque l’électromètre : « le dernier qu’ils ont sorti coûte 4 800 euros. Alors que la technologie que ça représente est estimée à 200, voire 250 euros. Quand vous vendez vingt fois le prix, en racontant aux gens que grâce à l’électromètre, ils vont voir leurs pensées, les pensées des autres etc. Ça, c’est faux. C’est un mensonge et donc, ils sont en train de vous rouler ». L’appareil sert de base à l’ « audition » durant laquelle un ancien membre se souvient de la myriade de questions que l’ « auditeur » lui posait et la crainte visible des infiltrations : « Êtes-vous en relation avec un journaliste ? Un psychologue ? Un psychiatre ?… ». Un autre explique que les recherches concernant la Scientologie sur Internet étaient interdites : « Si l’auditeur se rendait compte que vous l’aviez fait, il envoyait la liste de vos réponses en éthique et vous étiez rappelé à l’ordre par l’officier d’éthique ». Roger Gonnet précise que l’officier d’éthique est le corps disciplinaire de la Scientologie.

Les déclics qui poussent les adeptes à sortir de l’organisation sont très divers. Pour l’un, « c’est quand ils ont essayé d’enrôler, de façon vicieuse » ses enfants qui étaient mineurs. Un autre a été effrayé par le nombre d’adeptes qui tombaient malades du cancer et partaient.

Sur l’ensemble des témoignages, on retrouve quatre critères communément admis comme étant propres aux sectes : la séduction, la rupture sociale, la déstabilisation mentale et les exigences financières.

Source : RTBF Info, 12.03.2014