Le Sénat lance la chasse aux charlatans de la médecine

40 % des Français auraient recours à des pratiques dites « non conventionnelles » dont l’efficacité n’est pas avérée par la science. « Ces méthodes alimentent la suspicion ambiante vis-à-vis de la médecine scientifique, des vaccins et des médicaments », observe Patrick Romestaing du Conseil national de l’Ordre des médecins.


Quelque 400 « pratiques alternatives à visée thérapeutique » ont été recensées par la Miviludes. « Le principe est de faire miroiter une guérison ou un mieux-être au malade, en le noyant sous un verbiage pseudo-scientifique, et en donnant des explications simplistes à une maladie dont l’origine est forcément complexe » explique Samir Khalfaoui, conseiller santé à la Miviludes.

Dans le « maquis des méthodes non validées », certaines ont réussi à se faire un nom. Elles progressent même, note la Miviludes. Il en est ainsi du reiki, une méthode d’apposition des mains d’origine japonaise, et de la kinésiologie qui prétend dissoudre « les blocages émotionnels »… Le directeur d’une école de kinésiologie enseigne ainsi sa technique à de nombreux kinésithérapeutes dans le cadre de la formation continue.

Ces pratiques « ne sont pas un problème lorsqu’elles ne remettent pas en cause le discours médical », note Samir Khalfaoui. « Mais dans les faits, « il n’est pas rare que le praticien franchisse la ligne rouge, en invalidant la vaccination ou les médicaments », continue-t-il. La confusion est entretenue dans l’esprit des malades : ils sont persuadés que ces thérapies renforcent leurs défenses immunitaires et « soignent leur maladie », même si cela n’a jamais été démontré.

Dans ce créneau, se glissent « de dangereux charlatans qui incitent les malades à abandonner leur traitement », « occasionnant des pertes de chance de guérison, sur la foi de théories absurdes », prévient le président de la Miviludes, Serge Blisko. La Méthode Hamer, du nom d’un médecin allemand, en est l’illustration. Elle préconise d’abandonner tout traitement médicamenteux. « Ces cas sont aujourd’hui assez rares », relate le Pr Simon Schraub de la Ligue contre le cancer, auteur d’une étude menée à Strasbourg. La Ligue se prononce sur le fait que certaines « médecines alternatives » puissent apporter un réconfort mais il est « absolument indispensable de poursuivre son traitement et de prendre conseil auprès de son médecin avant d’y recourir ».

Quant au Conseil de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes, il va se pencher sur la kinésiologie et il vient d’interdire à ses membres de pratiquer la fasciathérapie. Pour son vice-président, Jean-François Dumas, il est important « que les professionnels de santé ne soient pas détournés de l’essentiel, à savoir pratiquer une médecine basée sur des preuves ».

(Source : LeFigaro.fr, Delphine Chayet, 07.12.2012)

Lire sur ce site : Commission d’enquête du Sénat portant sur l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé