MIVILUDES : Rapport 2004

M. Jean-Louis Langlais, président de la MIVILUDES, a remis au Premier Ministre le rapport 2004 de la Mission. Après le concept de « dérive sectaire », la Mission s’emploie désormais à présenter les évolutions les plus récentes du phénomène sous l’angle du risque sectaire.

La première partie du rapport dresse un bilan de la MIVILUDES : sur le plan national, comité exécutif et conseil d’orientation et sur le plan local, correspondants régionaux et cellules de vigilance. Le rapport rappelle les quelque 50 questions écrites des députés et rend compte des avancées législatives, des travaux parlementaires, ainsi que des activités des ministères représentés au Conseil exécutif ainsi que des préfectures au travers des cellules de vigilance départementales. Ainsi l’année 2004 aura été une année importante sur le plan des avancées législatives avec la loi sur la bioéthique et celle sur les psychothérapies. Enfin, le rapport innove en donnant une place aux actions des principales associations d’aide aux victimes.

La deuxième partie du rapport synthétise des théories et des travaux entrepris sur « les notions d’emprise et de dommage » et propose des pistes de réflexion sur la prise en charge des victimes.
Le rapport analyse les principales décisions juridictionnelles rendues au pénal et au civil dont l’affaire Néophare pour laquelle la loi About-Picard a été appliquée. Le responsable de ce groupe avait abusé de la faiblesse des adeptes leur imposant un mode de vie gravement préjudiciable.

Le rapport explore les risques inhérents à la formation professionnelle ainsi qu’aux domaines de la santé et de l’éducation. Il insiste sur l’aspect préventif et la protection des mineurs, les risques de dérives à l’égard des enfants scolarisés dans les écoles hors contrat et la désocialisation des enfants élevés au sein de communautés. Il revient sur le satanisme et sur les tentatives de séduction en direction des adolescents, notamment à travers les sites internet. A noter cependant que le rapport spécifie que l’on « peut raisonnablement parler » d’une progression sensible de ce phénomène du satanisme. Tout en soulignant le développement de microstructures et de réseaux, le rapport reprend des réflexions de l’UNADFI qui soulignait que les grandes organisations continuent leur expansion mais qu’elles ont su « mettre en place des groupes plus discrets, infiltrant divers secteurs d’activités sociales, médicales et économiques ». Le rapport 2003 de la Mission estimait que le phénomène sectaire paraissait contenu en France. Celui de 2004 se demande « s’il ne gagne pas en diversité et complexité ».

Le groupe est souvent constitué d’individus isolés mais « rapprochés par une théorie thérapeutique ou psychothérapeutique ». Ainsi en est-il des « promoteurs » de l’hallucinogène, l’ayahuasca, des partisans de la Méthode Hamer et des adeptes des Enfants Indigo qui se rattachent à la mouvance Kryeon. Le succès et la communication de ces réseaux sont là aussi grandement facilités par internet.
Après une comparaison du phénomène sectaire en Suisse, en Autriche, en Belgique, en Espagne et en Italie, le rapport fait un bilan provisoire des dix propositions du rapport de l’année précédente et conclut par dix nouvelles propositions pour l’année en cours :

– Développer une action de prévention à l’égard des jeunes
– Améliorer l’aide aux victimes
– Contrôler l’accueil à domicile des personnes vulnérables
– Renforcer le contrôle de l’obligation scolaire
– Sensibiliser les milieux économiques
– Instituer une liaison entre l’administration et la recherche universitaire
– Entreprendre une étude comparative des dispositifs étrangers
– Préciser la notion de dérives sectaires
– Pérenniser l’action des cellules de vigilance préfectorales
– Etablir un projet de circulaire interministérielle.

Dans sa conclusion, le président de la MIVILUDES, Jean-Louis Langlais, constate que le système français de lutte contre les dérives sectaires est « sans doute sans égal » mais qu’il n’est pas pour autant « aisément transposable » dans d’autres pays qui n’ont pas la même conception de la laïcité.