Vers une régulation des églises évangéliques

Le président Ruto a annoncé la création d’une commission chargée de réfléchir à une réforme de la loi sur les institutions religieuses.

Tout le long du mois de mai, le bilan du massacre de Shakahola s’est aggravé jour après jour, pour atteindre un total de 226 morts.  Alors que se tient le procès du pasteur auto-proclamé Paul Mckenzie, poursuivi pour « terrorisme » de nombreuses voix réclament des mesures de régulation des mouvements religieux au Kenya.

Le gouvernement pourrait s’inspirer du dispositif qui existe déjà au Rwanda. En 2018, face au développement dynamique et anarchique des églises, le président du Rwanda avait fait fermer 700 établissements religieux, pour la plupart des églises pentecôtistes. Par ailleurs, la loi Rwandaise oblige maintenant les prédicateurs à obtenir un diplôme en théologie avant d’ouvrir un lieu de culte.

« Réguler les églises kényanes sera un exercice périlleux car les activités des pasteurs bénéficient aux hommes politiques et inversement », observe néanmoins Stephen Akaranga, professeur d’études religieuses à l’Université de Nairobi. En effet, quelques semaines avant son élection, William Ruto avait passé un accord avec l’Association du clergé pentecôtiste et évangélique du Kenya (APECK) en faveur d’une autorégulation des églises, de l’allocation de terres pour les congrégations, de nominations de membres du clergé à des postes gouvernementaux et d’exonérations fiscales. Cette collusion risque de rendre difficile l’établissement d’un cadre légal et réglementaire régissant les quelques 4 000 églises indépendantes évangéliques au Kenya – un chiffre qui ne représenterait qu’une partie de la réalité. 

(Sources : lemonde.fr, 11.05.2023 & 18.05.2023 & ouest-France.fr, 03.05.2023)

  • Auteur : Unadfi