Un pasteur Congolais a été arrêté par la police pour avoir égorgé son fils de vingt-et-un an. Il a expliqué avoir obéi à un « ordre de l’Eternel ». Ce crime a suscité l’émoi parmi la population. En Afrique, ce type de dérive dans la sphère évangélique n’est pas inhabituel.
En juin 2019, le corps décapité d’un chantre avait été retrouvé dans une église évangélique à Abidjan. Le crime était le fait d’un fidèle de cette église, un homme désœuvré auquel le pasteur d’une église évangélique concurrente avait demandé de commettre ce crime contre une forte somme d’argent. En décembre de la même année, au Nigeria, un incendie s’était malencontreusement déclenché durant une prière de guérison, ce qui avait coûté la vie à un fidèle.
Le sociologue Dadjé Paul Koffi explique que ces dérives résultent du caractère mercantile de l’activité religieuse : « Aujourd’hui, l’activité religieuse peut être définie comme une activité économique qui génère du profit. Vu sous cet angle, le rapport des acteurs
n’est pas forcément gouverné par la crainte ou le rapport à une divinité. »
L’enseignant-chercheur Félix Houphouet Boigny abonde en ce sens, soutenant que les prophéties et les discours prononcés par les pasteurs ou prophètes auto-proclamés sont « préfabriqués, socialement construits en vue d’atteindre un but : celui de faire du profit ».
Cela pose la question de l’encadrement de l’activité de pasteur et de la responsabilisation des églises lorsque des dérives sont observées.
Le Rwanda semble avoir ouvert la voie : en 2018, 714 églises et mosquées avaient été fermées, officiellement pour raisons sanitaires et sécuritaires. Cependant peu de temps après, les autorités ont annoncé une nouvelle loi sur les congrégations religieuses, qui imposerait entre autres aux prédicateurs de suivre des cours de théologie, ce qui rendrait plus difficile l’ouverture d’une église.
(Source : africa.la-croix.com, 08.11.2022)