Une ex-adepte dénonce la Communauté de Saint-Jean

« J’ai bel et bien passé onze ans dans une secte », c’est ainsi que débute le livre de Marie-Laure Janssens, Le silence de la Vierge1, co écrit avec Mikael Corre journaliste au Pèlerin. Pour la première fois une ex religieuse des « Soeurs contemplatives de Saint-Jean » dénonce à visage découvert les dysfonctionnements de la communauté et les mécanismes de l’emprise dont elle a été victime.

Son récit, dont chaque chapitre s’ouvre sur des passages des 177 courriers écrits à ses parents, alors qu’elle était membre de la communauté, suit une progression chronologique. Elle décrit le côté insidieux de l’emprise mentale et dénonce des faits de plus en plus graves.

En 1998, elle vient de terminer Science Po. Catholique pratiquante, elle se laisse séduire par cette communauté où elle pense pouvoir vivre profondément sa foi et étancher sa soif d’absolu.

En arrivant dans la communauté, confiante quant à la volonté de Dieu et au jugement des deux supérieures de la communauté, soeur Marthe et soeur Alix, la fondatrice de la congrégation, elle écrit à ses parents qu’elle « remet le choix de passer sa vie dans la communauté entre les mains des deux dirigeantes qui sauront décrypter les signes qu’elle ne recevait pas. » Rapidement, elle leur voue une obéissance aveugle et tombe sous leur emprise psychologique.

Peu à peu, elle perçoit de nombreux dysfonctionnements qui la plongent dans une incertitude constante quant à la réalité de sa vocation, sans pouvoir cependant confier ses doutes. Exigence de transparence, abandon de tout sens critique, « correction fraternelle », les supérieures exercent un contrôle constant, jusqu’à la distribution de médicament.

Dès 2001, elle découvre que des soeurs partent brusquement, demandant d’être relevées de leurs voeux. Deux ans plus tard, elle apprend le suicide de l’une d’entre elles (ce ne sera pas le seul). D’autres souffrent d’anorexie, de problèmes psychiatriques nécessitant un long suivi.

Marie-Laure, quant à elle, quitte la communauté en 2010 et adresse un rapport à l’administrateur nommé par le Vatican. En 2012, elle se tourne vers Mgr Brincard qui lui conseille de garder le silence. Elle aurait pu en rester là, mais en 2012 constatant que malgré les scandales successifs la Communauté Saint Jean a toujours pignon sur rue, elle décide de témoigner et de dénoncer le poids du silence et l’attentisme de l’institution catholique.

(Sources : Le Pèlerin 05.10.207, Cath’ Lib, 06.10.2017, Le Nouvel Obs, 11.10.2017, Religion Blog Ouest France, 17.10.2017 & La Croix, 23.10.2017)

1 Le silence de la Vierge, Bayard, 2017