Un ancien membre et sa famille menacés de mort

Lowel Menorca, ancien membre de la secte philippine Iglesia Ni Cristo (INC), a demandé le statut de réfugié au Canada, pour fuir le harcèlement des membres de la puissante organisation.

Le scandale a éclaté en juillet 2015 après le plaidoyer en ligne de Cristina « Tenny » Manalo et de son fils, Angel – membres de la famille du fondateur, Eduardo Manalo -, affirmant que leur vie était en danger. Ces révélations ont entraîné les foudres d’INC. Avec Lowel Menorca et sept autres adeptes, ils ont été enlevés et incarcérés, avec l’assentiment des pouvoirs publics, pour avoir dénoncé les malversations et la corruption parmi les dirigeants du groupe.

A sa sortie, Lowel Menorca a intenté une action en justice contre INC pour avoir été emprisonné abusivement durant trois mois. Il dénonce l’influence de l’Église sur le gouvernement philippin. En représailles, il a dû faire face à trois procès dans lesquels il était accusé de diffamation et d’adultère. Il a également reçu des menaces de mort. Avec sa famille, il a fui Manille le 6 mars 2016. Depuis des photos d’eux sont diffusées sur Internet montrant que les membres d’INC continuent de les suivre dans leurs pérégrinations.

Lowel Menorca souhaite que le Canada lui permette de prendre un nouveau départ et de s’exprimer librement sur les agissements d’INC : « Je ne fais pas le poids contre eux. Je veux simplement que la vérité soit faite sur cette institution extrêmement puissante qui utilise la façade de l’église pour ses activés illégales et ses violations des droits de l’homme. »
Selon Lowel Menorca et Isaias Samson, autre ancien membre d’INC, le groupe subirait les répercussions de ce scandale et serait en perte de vitesse.

(Source: Philippine Daily Inquirer, 01 et 04.05.2016)

À savoir

L’influence d’Iglesia ni Cristo sur les politiques philippins n’est pas l’affabulation d’un « repenti ». Cinq candidats à l’élection présidentielle ont consulté l’organisation pour lui demander son soutien comptant sur sa capacité à appeler ses fidèles à voter, ce qui correspondrait à 1,5 à 2 millions de voix(1). Eduardo Manalo a rappelé à tous les membres qu’ils devaient suivre les enseignements de Dieu sur « l’unité », ceux-ci ne permettant pas les divisions au sein de l’Église quand ils se rendent aux urnes.
Dans un pays où la religion est omniprésente, Iglesia ni Cristo a pignon sur rue et a fait activement campagne pour le candidat élu, Rodrigo Duterte. À la fin de l’office qui a précédé le vote, une adepte n’a pas hésité à dévoiler son intention de vote : « En tant que membre, je suis les consignes de vote données par Iglesia ni Cristo »…

(Source : Philippine Daily Inquirer, 01 et 04.05.2016 & RFI, 08.05.2016)