Depuis près de trois ans, l’école maternelle Steiner de Verrière le Buisson (91) serait le théâtre d’agressions sexuelles entre enfants ignorées des responsables de l’école. Les familles réagissent.
Les faits dénoncés se seraient déroulés essentiellement entre 2017 et 2018. Le dernier en date ayant donné lieu au dépôt d’une main courante par la maman d’une petite fille de trois ans attouchée par un enfant âgé de six ans. Selon une source judiciaire, une enquête serait également en cours suite au dépôt d’une plainte par les parents d’un petit garçon victime de « pénétrations digitales par plusieurs enfants ».
Devant les défaillances de l’équipe enseignante de l’école et suite à une réunion de crise qui avait réuni en avril 2018 les responsables de l’établissement et seize familles, cinq d’entre elles ont décidé de retirer leurs enfants avant la fin de l’année scolaire.
Lors de cette réunion, plusieurs parents se sont plaints de gestes déplacés d’autres élèves à l’égard de leurs enfants. La réunion a été suivie d’échanges de mails au cours desquels la direction a rappelé aux parents que « le contenu des réunions doit rester entre adultes en faisant attention aux […] oreilles qui traînent ». Injonction dont n’a pas tenu compte l’un des parents qui en a signalé la teneur auprès de la Cellule de recueil des informations préoccupantes (Crip) qui a ensuite retransmit le dossier aux services sociaux de l’Éducation nationale.
La direction de l’école refuse de faire tout lien entre les affaires, préférant accuser les écrans ou des situations familiales difficiles. Elle aurait cependant enclenché une procédure « d’information préoccupante » pour chaque signalement et aurait pris des mesures pour mieux surveiller les enfants. Ce que conteste la mère de l’un des enfants agressés. Lorsqu’elle venait chercher son fils à l’école, elle a constaté que les enfants étaient souvent seuls.
Selon un ancien élève et professeur, la pédagogie Steiner, dont le but serait d’éveiller les enfants en dehors de tout formatage pour les rendre autonomes, pourrait conduire à un manque de surveillance, « voire de réaction des professeurs face à certaines situations ». Il ajoute, « selon Steiner, il faut laisser les enfants régler seuls leurs comptes issus de vies antérieures. »
Depuis les années 2000, les établissements sont sous surveillance de l’Etat qui procède régulièrement à des inspections. Par ailleurs, la Miviludes « reste attentive » quant aux risques de dérives » ayant reçu 11 saisines en 2018 et 15 depuis janvier 2019.
Si des parents d’élèves affirment ne pas être au courant des faits qui se sont déroulés dans l’école, d’autres, davantage informés, ont fait le choix de laisser leurs enfants dans l’établissement, et ce malgré ce que leur propre enfant a pu subir. Une mère dont l’enfant a été attouché par un autre estime que « les jardins d’enfants, ce ne sont pas les Bisounours » et que « cela doit se régler entre parents, dans l’école. » Concernant son cas, elle salue la réactivité de l’école qui a rapidement écarté l’auteur des faits. Pour elle il est normal de ne pas informer les autres parents afin de « respecter la confidentialité des familles concernées ».
La France compte 22 écoles Steiner dans lesquelles sont scolarisés 2300 élèves. Seules celles de Chatou (78) et de Verrière le Buisson ont choisi d’être placées sous contrat avec l’État et en reçoivent des subsides.
Une situation qui met hors d’elle la mère d’un enfant agressé hors d’elle. Dans un courrier envoyé au rectorat de Versailles, elle remet en cause le contrat qui lie l’école de Verrière le Buisson à l’État car « cette institution manque à tous ses devoirs ». En effet, recensant les éléments à charge contre l’établissement elle déplore la « volonté délibérée d’étouffer l’affaire », « les pressions sur les parents d’élèves », « l’incompétence et l’irresponsabilité des instituteurs », « le manque chronique de surveillance pendant les récréations ».
Contacté par Le Parisien, qui a enquêté sur l’école, le rectorat de Versailles affirme « ne pas avoir été mis au courant » des plaintes pour abus sexuels.
(Source : Le Parisien, 21.10.2019)