En 2007 encore, la presse internationale s’est fait l’écho de plusieurs affaires liées à des refus de transfusions sanguines. Il faut savoir que les Témoins de Jéhovah ont mis en place des Comités de Liaison Hospitalier (CLH), des cellules chargées d’ « encadrer » les adeptes durant leur hospitalisation et de veiller à ce qu’ils ne reviennent pas sur leur refus de transfusion. Tout adepte acceptant une transfusion « s’exclut » automatiquement du mouvement.
France
Une adepte est décédée fin juillet 2007. Atteinte d’une leucémie, elle refusait d’être soignée car le traitement comportait une transfusion sanguine.
Une enquête judiciaire venait juste de démarrer après la plainte en justice de son frère. Ce dernier avait porté plainte contre X pour « délit d’abus de faiblesse ». Cette plainte vise un membre des Témoins de Jéhovah qui aurait eu « une forte influence » sur sa sœur.
(Source : Dépêche AFP, 29.06.2007)
Canada
-Un ancien adepte, Jonathan Lavoie, confie que les Témoins de Jéhovah subissent des pressions de leurs pairs pour refuser les transfusions sanguines. Il ajoute même que des fidèles spécialement formés visitent les patients pour les convaincre de respecter les enseignements de la secte. Ils font partie des Comités de Liaison Hospitaliers créés pour appuyer les adeptes dans leur refus mais aussi pour « dissiper les doutes et inquiétudes » du personnel hospitalier. 4 500 membres ont reçu cette « formation » spéciale.
Jonathan Lavoie sait de quoi il parle : son frère Témoin de Jéhovah est mort en décembre 2006. Il refusait toute transfusion sanguine. Depuis sa mort, Jonathan mène une « véritable croisade » contre la secte. Il a obtenu 5 000 signatures sur son site internet et il demande l’adoption d’une loi interdisant le refus de traitements médicaux pour « motivation religieuse ».
(Source : Le Soleil, Pierre-André Normandin, 19.05.2007 & Presse Canadienne, 02.06.2007)
– Le juge canadien Jean Bouchard vient de rendre une ordonnance autorisant l’hôpital à procéder à des transfusions sanguines sur deux jumeaux nés à 25 semaines, malgré l’opposition de leurs parents, Témoins de Jéhovah. Un jugement « final » sera rendu par la suite.
Paradoxalement, les parents ont demandé aux médecins de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour sauver la vie de leurs enfants tout en refusant les transfusions nécessaires à leur survie. Le juge Bouchard a conclu en disant qu’il devait trouver « une façon d’entraver le moins possible la liberté de religion des parents, tout en veillant à la santé des enfants ».
(Source : Le Soleil, Elisabeth Fleury, 18.05.2007)
– Les parents [Témoins de Jéhovah] de sextuplés dénoncent la transfusion sanguine administrée à trois de leurs enfants. L’avocat des parents, lui aussi Témoin de Jéhovah, a déclaré qu’ils veulent que la cour tranche sur le fait que le processus utilisé par le ministère pour prendre possession des quatre enfants survivants (deux des sextuplés étaient déjà décédés) contrevenait aux « principes de justice fondamentaux ». L’avocat prétend que les quatre enfants n’étaient pas en « danger immédiat » et qu’il revient au ministère de justifier la « saisie » qui, selon lui, contrevenait à la section 7 de la Charte des droits.
De son côté, Kris Chren, la représentante du gouvernement a fait valoir que les médecins ont agi « sagement ».
(Source : Matinternet, 30.08.2007)
– Deux tribunaux canadiens dont la Cour Suprême, étudieront le droit des parents de refuser un traitement médical pour leurs enfants pour des motifs religieux. En effet, d’un côté, les parents « religieux » souhaitent obtenir l’assurance « qu’ils peuvent prendre des décisions pour leurs enfants et ne pas se les faire enlever », alors que de leur côté, « les gouvernements se considèrent responsables de protéger ces mêmes enfants ».
En Colombie-Britannique, dans une affaire récente concernant la naissance de sextuplés, les parents, Témoins de Jéhovah, se sont vus enlever leurs quatre enfants survivants sur les conseils des médecins du gouvernement. Trois d’entre eux avaient été transfusés. L’avocat des parents avait ensuite fait valoir que le gouvernement n’avait pas le droit d’enlever ces enfants. La Cour Suprême de Colombie Britannique rendra prochainement sa décision dans cette affaire.
Par ailleurs, la cour suprême du Canada étudiera bientôt l’appel d’une adolescente et de ses parents vivant dans le Manitoba. Ils avaient refusé une transfusion sanguine pour la jeune fille âgée de 14 ans. La direction des services d’aide à l’enfance du Manitoba avait alors obtenu une ordonnance autorisant les médecins à passer outre. Les parents et leur fille avaient ensuite perdu en Cour d’appel du Manitoba. En mai prochain, le plus haut tribunal du pays entendra l’appel de cette décision.
(Source : La Presse Canadienne, 28.01.2008)
Australie
Une adepte de 72 ans est morte d’un arrêt cardiaque après une opération de routine. Refusant d’écouter ses proches, elle s’est opposée à la transfusion sanguine qui aurait pu la sauver.
(Source « Jehovah accused over gran’s death », South Wales Echo, 20.07.2007)
Grande-bretagne
Une jeune femme de 22 ans, Témoin de Jéhovah, est morte quatre heures après avoir donné naissance à deux jumelles. Elle avait stipulé par écrit qu’elle refusait les transfusions sanguines et sa famille n’a pas passé outre. Les médecins non plus, expliquant qu’ils ne peuvent rien faire lorsqu’un adulte refuse un traitement pour des raisons religieuses, acceptant ainsi le risque de mourir.
Il existe cependant des exceptions lorsqu’il s’agit d’enfants. Les médecins peuvent s’adresser aux tribunaux pour faire annuler les refus de transfusion d’un enfante et de ses parents lorsqu’ils estiment que ce traitement est dans l’intérêt vital de l’enfant. En 1992, une Témoin de Jéhovah de 20 ans refusait toute transfusion après un accident de la route. Un tribunal avait alors autorisé le traitement, estimant qu’elle était sous l’emprise de sa mère et que son jugement avait été altéré par les médicaments avec lesquels elle avait été soignée.
Il n’existe aucune autre religion au Royaume-Uni qui adopte une ligne aussi dure sur un traitement particulier. Leur position peut entraîner des morts inutiles. Quant aux traitements alternatifs à la transfusion, ils peuvent être à la fois coûteux et inefficaces. Des comités de liaison qui conseillent les médecins et les patients sur les traitements de substitution sont désormais installés dans de nombreux hôpitaux du Royaume Uni. Un témoin de Jéhovah faisant partie d’un comité de liaison, déclare que les médecins sont de plus en plus sensibles aux besoins de la communauté. Il ajoute que des plans ont été élaborés pour apporter des soins dans tous les domaines : de la chirurgie cardiaque à l’accouchement, sans oublier les hémorragies post-partum.
Les chiffres concernant le nombre d’adeptes qui meurent dans ce contexte ne sont pas facilement accessibles mais l’accouchement semble bien être une « zone à risque ». Il y a un an, en Irlande, une jeune femme Témoin de Jéhovah qui venait de donner naissance à un bébé en bonne santé, avait refusé une transfusion. Une procédure judiciaire d’urgence arguant que le nouveau-né avait droit à une famille, avait annulé le droit de la mère à refuser la transfusion.
(Source : Traduction et synthèse d’après “The right to die for Jehovah”, BBC News, Clare Murphy, 05.11.2007)