Née il y a 100 ans, la médecine anthroposophique, dont les bases reposent sur un « mélange d’ésotérisme, d’occultisme et de spiritualité », est issue des théories de Rudolf Steiner, ancien théosophe et fondateur du courant anthroposophe. Dans le cas particulier du cancer, la base de sa guérison reposerait sur l’équilibre entre les énergies des corps éthérique et astral…
Selon Rudolf Steiner, tout du microcosme au macrocosme est en correspondance. Ainsi l’homme serait constitué de quatre corps dont chacun correspond aux différentes phases d’incarnation du système solaire.
Le corps éthérique, associé au végétal, serait « synonyme de prolifération anarchique de vie, comme une tumeur cancéreuse, tandis que le corps astral, associé à l’animal, serait une sorte de régulateur qui pourrait contrôler les « forces de vie du corps éthérique ». Le gui serait la plante idéale pour lutter contre le cancer, car elle serait un être hybride ayant subi toutes les incarnations sauf l’incarnation terrestre. Le gui ayant échappé à l’incarnation terrestre serait exempt d’énergies négatives ce qui en ferait le remède idéal contre le cancer. Le Dr Ita Wegman, se basant sur les dires de Rudolf Steiner mettra au point le premier remède à base de gui en 1917. Baptisé Iscar, il deviendra Iscador, nom du laboratoire où il est encore fabriqué et sous lequel il est commercialisé dans d’autres pays.
Discrets sur les origines ésotériques de l’Anthroposophie, ses adeptes usent de périphrases pour évoquer les concepts de Rudolf Steiner comme celui des trois corps. Dans leurs écrits apparaissent les termes de « niveau corporel », « niveau biologique », et « niveau psychologique », pour les rendre acceptables par les non-initiés. Ainsi, Robert Kempenich, médecin anthroposophique, sans utiliser la rhétorique steinerienne dans son livre sur les propriétés anti-cancer du gui « Viscum Album et cancer », se réfère à la pensée de Rudolf Steiner lorsqu’il évoque sa « nature plante-animal » « libérée de l’ensemble des lois terrestres, dont la pesanteur ». Pourtant, celui-ci, également enseignant en médecine anthroposophique et président de l’AREMA1, se targue « en ce qui concerne la pratique quotidienne et l’enseignement de la médecine anthroposophique » de se fonder « sur les aspects scientifiquement éprouvés ». Pourtant les ouvrages de Rudolf Steiner portant sur la médecine anthroposophique référencés sur le site l’AREMA ont une teneur loin d’être scientifiquement éprouvée.
Selon cette association, la France compterait 350 médecins anthroposophes, mais ce sont 4 000 à 5 000 médecins qui prescriraient des médicaments anthroposophiques.
L’enseignement de la médecine anthroposophique a pénétré jusqu’aux milieux universitaires. Elle est enseignée à l’université de Strasbourg.
(Source : Sciences et avenir, 14.05.2019)
1. Association pour la Recherche et l’Enseignement en Médecine Anthroposophique