Louis Vitry, 57 ans, un ancien maçon devenu dirigeant d’un groupe de prières, « La Sainte Famille » avait comparu le 17 novembre 2010 devant le tribunal correctionnel de Saint‐Pierre pour deux agressions sexuelles sur mineur et huit agressions sur majeur par personne ayant autorité. Chaque quatrième dimanche du mois, ses adeptes se réunissaient « pour un chemin de croix » et une « messe des malades » au Calvaire de Petite‐île. Conjointement, Louis Vitry organisait des séances de prière et de guérison en divers lieux de l’île.
C’est dans le secret de ces séances en tête à tête qu’il agressait sexuellement des mineures et de jeunes majeures. En octobre 2008, l’affaire avait été révélée par l’évêque de la Réunion après qu’il eut reçu des victimes. L’évêque avait immédiatement effectué un signalement auprès du procureur.
Le 9 décembre 2010, Louis Vitry avait été condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis par le tribunal de Saint-Pierre.
Le 17 juin 2011, il était jugé par la Cour d’Appel. Louis Vitry avait décidé de conserver le même axe de défense que lors de la première instance, soutenant avoir pratiqué l’imposition des mains « mais en toute bonne foi », après qu’il eut découvert « son don de guérisseur au début des années 90 ».
Par ailleurs, l’accusé reprenait la thèse du « complot » monté contre lui par un autre membre du groupe de prière, position défendue par son avocat lors de sa plaidoirie. « A l’entendre parler, on pourrait croire que c’est lui la victime », observe Me Séverine Ferrante, l’avocate d’une partie des victimes.
Pour un autre avocat de victimes, Me Mickaël Nativel, le dossier est relié « à un phénomène sectaire ». Louis Vitry n’hésitait pas à se substituer à la médecine en faisant croire à ses dons de guérisseur. L’avocat ajoute « qu’il n’y a pas de complot, il n’y a que des victimes et un vrai prédateur ». La dernière avocate des parties civiles, Me Emmanuelle Choukhroun-Hermann conclut « qu’il est toujours inquiétant de voir un prévenu qui reste dans le déni, tout en rappelant qu’il est décrit « comme un manipulateur ».
Pour Michel Baud, représentant du parquet général qui est aussi le référent en matière de lutte contre les sectes, il existe à La Réunion « un caractère très sensible à la croyance » avec le risque de se faire abuser par de faux prophètes. Il ne s’agit pas là d’un procès contre la croyance mais contre ceux qui profitent de ce besoin de croire pour dominer et abuser autrui. La Cour a repoussé son arrêt à plus tard.
Source : Clicanoo.com, 19.06.2011 & 17.06.2011