La dissimulation d’abus sexuels touche aussi la Nouvelle-Zélande

Alertés par les conclusions de l’enquête gouvernementale menée par la Commission royale d’Australie sur les abus sexuels commis au sein des institutions, des journalistes néozélandais ont souhaité savoir si les Témoins de Jéhovah(TJ) traitaient de façon similaire les cas d’abus recensés au sein des congrégations du pays. Depuis la fermeture de son siège d’Auckland en 2012, la branche néozélandaise est officiellement sous juridiction australienne.


Après avoir interrogé plusieurs victimes d’abus sexuels, ils ont constaté que leurs témoignages concordent avec ceux déposés devant la Commission. Comme en Australie les enquêtes, les jugements et les sanctions internes ont été préférés aux signalements aux autorités judiciaires, la culture TJ visant au contraire à décourager les victimes de porter plainte.

C’est un « comité judiciaire » qui juge tout acte considéré répréhensible par les Ecritures (fornication, adultère, homosexualité, apostasie…). Mais le comité judiciaire n’est réuni que si deux témoins au moins peuvent attester des actes dénoncés, selon un principe biblique datant de 2 000 ans. Dans le cas des abus sexuels cela est quasi impossible d’où un grand nombre d’affaires non signalées à la police et réglées par des sanctions légères telle que l’exclusion du coupable jusqu’à sa repentance sincère.

Interrogés par le journal, les TJ n’ont pas souhaité répondre, mais ont fait savoir que « toute victime d’abus ou leur famille ont parfaitement le droit de se rendre auprès des autorités pour signaler toute affaire ». Ajoutant que « le délit de maltraitance des enfants est géré par les autorités et non par les TJ. Les TJ ne traitent que le péché. C’est un concept chrétien, ce n’est pas un concept juridique ». Il n’est pas si simple pour un Témoin de Jéhovah, auquel l’organisation répète sans cesse que le monde est mauvais, de rapporter les cas de maltraitances à la police.

La Commission d’enquête australienne a montré les importantes lacunes de l’organisation dans la protection des mineurs et leur a demandé de les corriger. En 2002, il était recommandé aux aînés de dire aux victimes « qu’elles pouvaient s’adresser aux autorités si cela leur était demandé » et, suite aux conclusions de la Commission, les TJ ont modifié leur politique en donnant aux victimes « le droit absolu d’aller à la police ». Cependant, « ils refusent d’envisager toute modification de la règle des deux témoin». Selon eux cette exigence n’est pas à débattre « car elle repose sur des principes bibliques ».

(Source : The Spin-Off, 23.07.2018)