La Commission royale s’intéresse à la destruction de documents

Des anciens Témoins de Jéhovah néo-zélandais ont remis à la Commission royale australienne sur les abus dans les institutions une copie des instructions de la Watch Tower ordonnant aux Anciens de détruire les documents faisant état de maltraitances et d’abus sexuels au sein des congrégations.

Bien que la communauté ait assuré qu’elle ne les détruira pas, les victimes du mouvement craignent que les instructions émises en 2015 aient déjà conduit à la destruction de nombreux documents.

Les instructions adressées par la Watch Tower aux salles du Royaume australiennes demandent « que tous les documents écrits lors des comités judiciaires soient détruits quand l’affaire aura été réglée ».

« Les notes personnelles prises au cours d’une audience devraient être détruites une fois qu’un résumé aura été rédigé ».

« Les aînés sont tenus de signer un formulaire indiquant qu’ils ont détruit tous les documents électroniques et papier, sauf le document officiel mentionnant l’expulsion d’un croyant pour avoir péché ».

Interrogée par le journal RNZ sur les faits reprochés, les Témoins de Jéhovah ont répondu par communiqué que les directives ne mentionnaient pas la destruction des documents relatifs aux abus sexuels sur mineur. Cependant, ils ne précisent pas non plus qu’il est interdit de les éliminer.

Une vidéo de la WatchTower, dévoilée l’an passé par le journal Philadelphia Inquirer, corrobore les craintes des victimes. Elle montre un directeur préconisant aux Anciens de détruire des documents partout dans le monde et qualifiant les autorités judiciaires de démon : « Nous savons que la scène de ce monde est en train de changer et nous savons que Satan est contre nous. Et il va nous attaquer légalement. On le voit à la façon dont les choses se mettent en place. L’organisation a dit que nous avions eu des difficultés par le passé à cause des dossiers que nous avions. »

Pour contrecarrer d’éventuelles disparitions d’écrits, la Commission royale a lancé au début de l’année 2019 un moratoire sur la destruction des documents s’appliquant aux églises, qui fait de la destruction de preuves une infraction pénale.

« Le cas échéant, la Commission royale exigera des institutions qu’elles vérifient par déclaration solennelle qu’elles n’ont pas détruit ou éliminé de tels documents et qu’elles fournissent une explication pour tout document qui a été perdu ou détruit ».

Cependant, les victimes craignent que la directive interne de la WatchTower empêche la reconnaissance de plusieurs centaines de cas d’abus en Nouvelle-Zélande, où les Témoins de Jéhovah comptent 14 000 croyants. 

(Source : RNZ, 18.10.2019)

  • Auteur : Unadfi