Internet : une menace pour la Scientologie

Il semblerait que, contrairement à ses détracteurs, la Scientologie soit complètement dépassée par l’univers numérique et les réseaux sociaux. Comment Internet mettrait-il en danger cette organisation internationale ?

L’écho des témoignages d’anciens membres de la Scientologie résonne particulièrement bien sur le Web. On y trouve les blogs des ex-adeptes mais aussi les articles se rapportant aux affaires judiciaires, les détails méconnus des principes et des pratiques scientologues paraissant absurdes aux yeux des néophytes.
Cette propagation et cette multitude d’informations n’est pas accessible aux scientologues convaincus pour qui « regarder Internet, c’est anti-thêta », ce qui signifie morbide dans le jargon scientologue. Par contre, pour ceux qui commenceraient à douter, Internet peut accélérer la décision de sortie de secte.
 

Cette « e-réputation » freine de toute évidence le recrutement. Plusieurs sources témoignent de la baisse d’adhérents. Selon le décompte des Anonymous et de l’ex-scientologue Roger Gonnet, il y aurait tout au plus 1500 scientologues en France, alors que la Scientologie déclare en avoir plus de 40.000. Sur le plan mondial, elle revendique 8 millions de membres alors qu’il n’y en aurait que 50.000.
 

Serge Blisko, président de la Miviludes, pense qu’Internet, dans sa nature, n’est pas favorable aux mouvements pyramidaux et très hiérarchisés. Pourtant la Scientologie fait des tentatives pour intégrer cet univers qu’est l’Internet. Elle a demandé à tous ses membres de créer leur propre site, elle a utilisé des tweets sponsorisés pour s’attaquer au documentaire Going Clear. Mais toutes ces initiatives ont échoué, certaines ont même décrédibilisé un peu plus l’organisation. Même le compte Tweeter de David Miscavige est moins populaire que sa version parodiée.
Geir Isène, ancien conseiller web de la Scientologie explique que Ron Hubbard n’a pas anticipé le Web, il ne l’a pas intégré à ses concepts, à ses procédures.
Les scientologues qui ne fonctionnent qu’à travers les écrits d’Hubbard, ne le prennent donc pas en compte. Les sites scientologues sont tous gérés depuis Los Angeles et sont fades car ils ne prennent pas en compte les particularités culturelles de chaque pays.
Les jeunes scientologues du Celebrity Center évoluent mieux que leurs aînés dans l’univers numérique mais ne sont pas organisés, leurs informations sont disséminées et font peu écho.
 

Selon Mike Rinder, le message de la Scientologie serait noyé sous l’avalanche de blogs, sites, forums gérés par d’anciens scientologues. D’ailleurs, la Scientologie, dans son ensemble, est peu présente sur les réseaux sociaux car elle ne tolère pas la discussion. Alors qu’Internet est un lieu de diffusion et de partage de l’information, la Scientologie est entièrement fondée sur la rétention d’informations.

(Sources : Slate, 01.07.2015 & Rue 89, 07.09.2015)