Fin mars 2010, dans le Michigan, un exemple typique, la milice Hutaree, a suscité une vive préoccupation pour le FBI. Ce groupe chrétien apocalyptique, armé, projetait des actions anti-gouvernementales violentes, ce qui a obligé les autorités à procéder à des arrestations.
Les faits
Les 27 et 28 mars 2010, suite à des actions de surveillance du FBI remontant à 2008, huit membres d’une milice se disant chrétienne ont été arrêtés dans le Michigan, l’Ohio et l’Indiana[1].
Parmi eux, le leader de ce groupe et deux de ses fils. Le ministère fédéral de la Justice a indiqué que le groupe était inculpé de « conspiration dans le but d’organiser un soulèvement anti-fédéral et de tentative d’usage d’armes de destruction massive ». Hutaree, le nom de ce groupe extrémiste, signifierait guerrier du Christ. Selon son site web, tout policier est considéré comme un fantassin de l’Etat Fédéral contre lequel Hutaree appelle à la lutte armée. Les membres s’entraînent dans les forêts avec des fusils d’assaut.
« Jésus voulait que nous soyons prêts à nous défendre par l’épée et que nous soyons équipés pour rester en vie » pouvait-on lire sur le site web du groupe.
A l’initiative de la procureure fédérale pour le district est du Michigan, les arrestations visaient à empêcher une opération très violente prévue pour avril : le meurtre d’un policier, suivi de l’attaque de son convoi funèbre, ceci comme « catalyseur pour un soulèvement de grande ampleur contre le pouvoir ». Le groupe se préparait pour la bataille de la fin du monde afin, selon lui, de « conserver vivant le témoignage de Jésus-Christ ». Les explosifs trouvés dans la base étaient identiques à ceux utilisés lors d’attentats en Irak.
Au tribunal fédéral de Détroit (Michigan) le 21 septembre, les avocats de la milice, s’appuyant sur l’absence de preuve et sur le Premier Amendement, ont demandé la relaxe d’un fils : David Stone Junior, puis de deux autres inculpés, dont l’épouse de David Stone Senior. Le fils a déclaré qu’il était membre de Hutaree « parce que son père en était membre ».
Une secte
Un expert de l’Université du Michigan de l’Est, Jack Kay, qui a fait des recherches approfondies sur les milices, a déclaré : « Tout ce que j’ai lu sur eux, et sur leur site web établit pour moi qu’ils sont une secte (cult). Ils se sentent investis d’une mission divine, et ils sont volontaires pour le martyr. Cela va au-delà du patriotisme et fait partie de leur « pensée de groupe »[2]. Les membres, 25 à 30, sont très engagés. Même des membres d’autres milices décrivent Hutaree comme une secte…
En même temps que se déroulaient ces événements, un nouveau rapport du Southern Poverty Law Center[3] indiquait que le nombre de groupes extrémistes propageant des doctrines anti-gouvernementales était passé de 149 en 2008 à 512 en 2009…
La France n’est pas truffée d’armes comme le pays de Hutaree, certes, mais de tels groupes existent aussi de ce côté de l’Atlantique. Et s’il importe de ne pas confondre illuminisme et secte, la vigilance et le discernement s’imposent, un groupe aux idées extrémistes pouvant basculer dans un fonctionnement de secte destructrice.
[1] New York Times, 30 mars 2010
[2] La pensée de groupe ou GroupThink : terme qui décrit le processus selon lequel les individus d’un groupe ont tendance à rechercher le consensus plutôt qu’à appréhender la situation de manière réaliste.
[3] SPLC : organisation de défense des droits civiques, à but non lucratif, qui lutte contre la haine et le fanatisme.