Ce qu’il faut aussi savoir du procès d’un adepte de la viticulture biodynamique

Emmanuel Giboulot, le viticulteur de Beaune(21) qui refusait, malgré l’arrêté préfectoral du 7 juin 2013, de traiter ses vignes contre la cicadelle, insecte propagateur de la flavescence dorée, a comparu lundi 24 février 2014 devant le tribunal correctionnel de Dijon.


Alors qu’il encourt une peine de 6 mois d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende, une amende de 1 000 euros, pour moitié avec sursis, a été requise à son encontre. Le jugement a été mis en délibéré au 7 avril prochain.

Ce procès a mobilisé nombre d’organisations écologistes, dont le parti Europe Ecologie Les Verts, qui ont mis en place un comité de soutien : 500 personnes rassemblées devant le tribunal, une page Facebook avec plus de 100 000 opinions favorables et une pétition circulant sur Internet ayant recueilli, à la date du 22 février, quelques 427 000 signatures.

Il y a d’un côté « les barons de la biodynamie », soutenant à 100% l’agriculteur et dénonçant entre autres « la collusion entre les pouvoirs publics et le discret lobby des pépiniéristes ». De l’autre côté, l’interprofession du vin en Bourgogne (y compris des professionnels de la filière bio) s’est désolidarisée du viticulteur de Beaune, dénonçant « des contre-vérités » véhiculées autour de son cas et refusant de faire de lui un « martyr de la cause bio ».

Sources : La Croix, 22.02.2014 & France Bleu, 24.02.2014 & Journal de l’Environnement, 24.02.2014

Quelques précisions

Il est clair que cette affaire qui fait d’Emmanuel Giboulot « une sorte de héros de la cause biologique et de l’agriculture alternative » a suscité une vive polémique entre les militants écologistes et la profession viticole. Mais au-delà du cas particulier de ce viticulteur et de la qualification juridique ou pénale de son refus de respecter la loi, Gilbert Klein, président du Cercle LaÏque pour la Prévention du Sectarisme (CLPS), a préféré s’interroger sur le fait que « jamais le terme de biodynamie n’est explicité ni expliqué ». Il se demande si cette procédure ne se serait pas « muée en opération de com de la mouvance anthroposophique ? ». Le responsable du CLPS estime également qu’il est important de rappeler que les agriculteurs bio ne sont pas tous des disciples de la biodynamie ni de l’anthroposophie.

Grégoire Perra, ancien anthroposophe, estime quant à lui important de se poser la question de la « vraie nature de la biodynamie et de ses liens avec l’anthroposophie ». Lorsqu’il était lui-même anthroposophe, il se souvient qu’il leur était conseillé « d’éviter de mentionner le fait que cette méthode se base sur les influences astrales des signes du zodiaque, sur des procédés magiques » tels que « tuer et brûler certains animaux » pour disperser leurs cendres sur les champs durant la nuit.
Pour Grégoire Perra, les anthroposophes jouent sur le préfixe « bio » pour favoriser l’amalgame entre biodynamie et agriculture bio. Pour lui, « la biodynamie est devenue, avec les écoles Steiner-Waldorf, le meilleur outil de propagande de l’Anthroposophie ! »

Sources : Veritesteiner.wordpress.com, 27.02.2014 & CLPS, 25.02.2014

Lire l’article de Grégoire Perra dans son intégralité.
Lire l’article de Gilbert Klein dans son intégralité