La journaliste Emmanuelle Eyles s’est rendue au Brésil afin de rencontrer des enfants prêcheurs. Agés de 3 à 13 ans, ils sont les copies conformes de leurs aînés, qu’ils fréquentent depuis leur naissance dans des églises évangéliques du pays.
Au Brésil, le catholicisme en perte de vitesse est supplanté par les églises évangéliques qui prospèrent à travers ce pays considéré comme le plus religieux du monde. 23% des brésiliens seraient évangéliques. Des vocations naissent dans ces églises où les enfants peuvent prendre le micro comme les adultes et devenir de vraies vedettes. Leurs performances sont assez spectaculaires. Emmanuelle Eyles a constaté que leur foi et leur bonne foi sont sincères : « ils se sentent investis d’un rôle à jouer auprès des miséreux et des malheureux ». Ils pensent être l’instrument de Jésus et passent leur temps libre à prêcher dans les hôpitaux, les centres de désintoxication…
La journaliste a pu cependant constater que certains parents les poussent et ont trouvé là un moyen de faire de l’argent. Ces églises sont effectivement de vrais business qui se montent facilement, tout comme il est facile de devenir pasteur. Le nombre de ces églises n’est pas connu mais on sait qu’il s’en ouvre tous les jours.
Emmanuelle Eyles a rencontré une gamine de sept ans, Alani, qui poussée par ses parents ne lui ayant pas laissé le choix, ne connaît rien d’autre : son père est également prêcheur. Elle possède un site Internet qui a déjà reçu trois millions de visites. A l’âge de cinq ans, elle prêchait devant 10 000 fidèles. Toujours sous la houlette de papa, elle anime chaque samedi après-midi sa propre web-radio. Les autorités ne peuvent rien faire tant que les enfants sont scolarisés et qu’ils s’adonnent à leurs prêches sur leur temps libre.
Ces enfants ne sont pas rémunérés sur leurs prestations dans les églises mais touchent de l’argent sur la vente de produits dérivés : CD, t-shirts à leur effigie, posters…
La journaliste a constaté que ces enfants « sont le fer de lance de l’expansion évangélique dans le pays ». Incarnant la parole de Jésus, la pureté, l’innocence, ils prétendent pour certains être capables de guérir par la prière et l’imposition des mains. Ils ont du pouvoir dans les quartiers où les pouvoirs publics ont baissé les bras.
Source : France Info, 28.03.2014