La rhétorique de Donald Trump ne dupe pas les scientifiques

Quel est le rapport entre Donald Trump et les créationnistes ? Une stratégie appelée le mille-feuille argumentatif. Le candidat à la présidentielle américaine joue de cette tactique lors des débats pour tenter de déstabiliser ses adversaires.

Aux États-Unis, une stratégie argumentative, connue sous le nom de « Gish Gallop » (ou « mille-feuille argumentatif »), a souvent été utilisée par les créationnistes pour discréditer leurs opposants. Ce terme, inventé par Eugénie Scott, directrice du Centre national pour l’enseignement des sciences, fait référence à Duane Gish, un créationniste qui, dans les années 1990, inondait ses débats publics d’affirmations trompeuses. Face à cet afflux d’arguments erronés, il était difficile pour ses adversaires de tout réfuter en direct, ce qui permettait à Gish de se proclamer « vainqueur » en fin de débat…

Le but de cette stratégie n’était pas de parvenir à un échange intellectuel, mais de semer la confusion et de donner l’impression que ses adversaires étaient incapables de répondre. En politique, Donald Trump adopte une approche similaire dans ses discours. Dès 2017, le magazine Quartz soulignait que cette rhétorique, faite de déclarations rapides et fausses, fonctionnait bien dans les médias modernes, où l’attention est limitée et où les contre-arguments sont souvent jugés ennuyeux ou trop complexes.

Dans un récent article du Scientific American, Madhusudan Katti, rédacteur en chef du Bulletin de la Société d’écologie des États-Unis, explique qu’il est vain d’essayer d’argumenter face à ce type de tactique. Que ce soit un politicien populiste ou un créationniste, la meilleure réponse est de simplement souligner les mensonges et les incohérences, puis de passer à autre chose.

Katti rappelle que la science ne se débat pas de cette manière : les discussions scientifiques se déroulent dans des revues spécialisées, soumises à l’évaluation par les pairs, et peuvent s’étendre sur plusieurs années. Il critique ainsi les demandes de « débats scientifiques » émanant de climatosceptiques ou de créationnistes, qui ne s’engagent pas dans les véritables processus scientifiques. 

(Source : Science-Presse, 09.09.2024)

  • Auteur : Unadfi